En ce 16 août 1554, Elizabeth Tudor dirigeait tout son petit monde. La reine lui avait donné l’autorisation de partir et la jeune femme n’en avait été que plus joyeuse, elle se trouvait actuellement dans ses appartements pour préparer son départ de la cour. Enfin heureuse. Elle avait fait ses adieux à beaucoup de monde. Elle ne savait pas quand elle pourrait revenir, puisqu'elle rejoignait, le palais de Woodstock, sa résidence surveillée. Il ne lui restait plus rien à part, préparer ses affaires et quitter la cour. Demain elle prendrait le chemin du palais, regrettant plus que jamais, sa demeure de Hatfield House, ce lieu qu’elle avait tant aimé et qu’elle avait dû abandonner en se rendant à la Tour de Londres, au mois de mars. Les choses avaient changé depuis. Mary, la reine avait fait beaucoup de chemin depuis, elle avait été marié à Philippe de Habsbourg et désormais, l’Angleterre ne serait plus jamais la même. Le pays était redevenu catholique, ce que déplorait la jeune lady, mais elle ne pouvait rien y faire, elle ne dirigeait pas l’Angleterre. Les protestants n’avaient plus qu’à attendre et survivre dans l’attente de jour meilleur. Elizabeth s’inquiétait beaucoup pour Robert, elle craignait que sa sœur signe son arrêt de mort, il était peut être en vie depuis un an, mais elle se demandait pourquoi l'homme n'était toujours pas sortie de sa prison. Elizabeth n’était pas ignorante, elle savait que ses ennemis voulaient toujours sa perte, avec eux et leurs complots elle pouvait craindre tout. Elle n’avait pas peur, mais elle ne voulait surtout pas mourir alors qu’elle avait tellement de chose à accomplir.

« Mettez ces robes dans la grosse malle et les autres dans celle-ci. » Ordonna la jeune femme tout en pointant les malles du doigt.

Organiser son départ n’était pas une chose aisée, mais au moins Elizabeth avait déjà fait ses adieux à la reine et au roi, elle n’aurait pas besoin de les revoir. Ses dames d’honneur seraient de toute façon assez habiles pour donner de ses nouvelles à la reine, elle ne s’en souciait pas. A l’occasion la jeune princesse lui écrirait pour lui montrer sa bonne foi. Elizabeth s’occupa elle-même de rassembler ses livres, elle ne voulait pas que ses dames touchent trop aux plus précieux, surtout celui que son père lui avait offert. C’était un vieil ouvrage en latin, très ancien et qu’elle chérissait comme la prunelle de ses yeux. Elizabeth adorait le latin, tout comme apprendre les langues, depuis toujours, c’était une jeune femme studieuse et à ce jour, elle parlait le français, l’espagnol, le latin, le gallois, l’irlandais et d’autres langues. Voilà pourquoi elle ne rougissait jamais quand elle devait s’adresser à un ambassadeur, elle adorait les surprendre en leur parlant dans leur langue maternelle. Elizabeth était une jeune femme surprenante, même si elle préférait être discrète, surtout quand sa sœur était non loin de là. Un à un, elle posa les ouvrages dans un bagage spécialisé en forme de bibliothèque, la rousse ne les prenait pas tous, elle en avait tellement. Entre temps, elle répondait aux questions de ses servantes qui s’affairaient toujours autour d’elle. L’après-midi était bien avancée quand on emporta les malles et qu’Elizabeth se retrouva enfin seule. La journée avait été longue, riche ne préparation, mais bientôt, elle pourra partir, retrouver sa vie et attendre des jours meilleurs, en espérant que sa sœur ne la marie pas avec un quelconque prince étranger. Pour le moment, elle avait échappé au mariage avec Emmanuelle-Philibert, mais elle savait qu’il y en aurait d’autres, surtout avec des princes catholiques et peut-être même des Espagnols, ce qu'elle craignait le plus. Tout en prenant un verre de vin, Lizzy s’installa dans un confortable fauteuil bordeaux et regarda la pièce autour d’elle. Demain, elle quitterait cette prison dorée et elle pourrait enfin galoper à nouveau à travers la lande anglaise. « Demain… » Soupira-t-elle dans un murmure, tout en pensant à cette prison dorée, qu'elle allait à nouveau rejoindre.

Après, plusieurs minutes de solitude, on frappa à la porte et Elizabeth autorisa la personne à entrer. C'était Jane Dormer, qui avait sûrement appris, par la reine, qu'elle rejoignait à nouveau sa résidence surveillée.

« Jane, quel plaisir de vous revoir, il y a bien longtemps que nous n'avons pu converser toutes les deux. Comment allez-vous ? J'espère que le mariage ne vous a pas épuisé ? » Souriait la jeune femme tout en invitant, la dame d'honneur à s'installer avec elle.

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Elle ne regrettait pas de quitter le palais, elle en était même soulagée, mais sa destination lui faisait froid dans le dos. Le palais de Woodstock était depuis sa sortie de la Tour, en mai, sa nouvelle prison, une cage dorée, dans laquelle, elle était contrainte de s’enfermer. Elle aurait préféré retourner à Hatfield, la terre de son enfance, mais elle n’avait pas le choix, c’était la reine qui décidait de son destin et non elle. La vie ne lui permettait pas de faire ses propres choix, comme celui de venir à la cour, quand elle le désirait, tout était régi par la reine, puisque comme elle n’avait cessé de le répéter, elle n’était que son humble servante. Désormais, il y avait le roi Philippe dans la vie de sa sœur et l’homme n’avait cessé d’avoir un comportement étrangement bienveillant à son encontre, ce qui ne pouvait que la laisser suspicieuse. Elizabeth savait qu’elle devait profiter de la bienveillance du roi, mais pour rien au monde, elle ne devait lui faire confiance, cet Espagnol serait sans doute le premier à la trahir.
Ce départ était aussi synonyme d’adieux pour elle, la jeune femme avait déjà dit au revoir à bon nombre de personnes et maintenant, c’était au tour de la douce Jane Dormer, dame d’honneur de la reine, qui venait lui rendre visite. En la voyant, Elizabeth ne pouvait s’empêcher de se remémorer son jeune frère, qui avait tant de fois été accompagné par Jane. Elle avait apprécié ainsi la jeune femme et bien plus encore, quand elle avait vu cette dernière, autant touchait par la mort du petit roi.

« Jane ne soyez pas attristée. » Disait-elle tout en voyant la jeune femme se détourner pour cacher ses larmes. Elizabeth se leva et posa sa main sur l’épaule de la dame d’honneur. « Je reviendrai, je reviens toujours et cela même quand on annonce ma mort prochaine. » Elle souriait, pour rassurer la jolie lady, même si la rousse ne savait pas quand elle pourrait à nouveau être présente à la cour. « Dès que la reine ma sœur aura besoin de moi je reviendrai, mais ne soyez pas triste pour moi. Venez boire un verre de vin, cela vous fera du bien. » Elle retourna devant sa petite table et versa un peu de vin dans un verre en cristal, qu’elle tendit à Jane. La boisson était délicieuse et elle était un cadeau du roi de France, pour les noces anglaises. Ce vin avait abreuvé toute la cour durant les festivités et les dernières cuvées alimentaient les appartements de la famille royale et des nobles les plus importants.

« Je me porte bien, mais je dois dire que j’appréhende mon retour à Woodstock, j’aurai tellement préféré que la reine m’accorde le droit de retourner à Hatfield. Là-bas j’y ai ma tranquillité. » Souriait la jeune femme. « Jane ma question peut vous paraître étrange, mais pensez-vous toujours à mon frère ? Je sais que vous étiez très proche étant enfant et avec tout ce qu’il s’est passé dernièrement, j’ai le sentiment que le monde l’a oublié. » Demanda-t-elle avant de boire une gorgée de vin.

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Il n’y avait guère d’amitié à la cour, surtout quand celle-ci était un nid plein de serpents, prêts à tout pour vous mordre à la moindre incartade. La cour ne lui avait jamais fait ses beaux jours, à chaque instant, la jeune femme était mise sous pression, devant faire attention à ses moindres gestes, prendre garde à qui elle parlait et surtout à ce qu’elle disait à ces personnes. La cour était pleine d’espions à la solde de la reine et plus que jamais, la princesse Elizabeth devait faire attention. La rousse était soulagée de son départ, pour cette raison, mais d’un autre côté, rejoindre cette cage dorée, qu’était le palais de Woodstock ne lui plaisait guère. Elle le savait, elle serait surveillée et serait aussi contrainte de suivre les préceptes religieux de sa sœur. Avec le temps, elle commençait à avoir l’habitude de tout cela, obéir, partir, revenir à la demande des différents souverains. Son père avait fait la même chose avec elle, tout comme son frère. Princesse, non mariée, elle n’était qu’une invitée à la cour, même si elle en était l’héritière. La prochaine fois, elle ne savait pas quand elle aurait lieu, dans un mois, un an, la reine pouvait l’appeler à tout moment, ou bien ne pas le faire. Désormais, sa sœur avait d’autres choses à faire, comme mettre au monde un nouvel héritier à la couronne, pour que celle-ci reste à jamais catholique. Elizabeth se sentait prise dans un tourbillon infernal depuis sa naissance, rien ne semblait vouloir s’arrêter, les meilleurs s’accumulaient et à chaque case de la terrible roue du destin, la princesse avait le sentiment de connaître le pire. La mort de sa mère, celle de son père, les problèmes religieux, la mort encore et toujours, et la prison. Son destin était celui de ne jamais connaître la paix et pourtant, elle aimerait bien que tout s’arrête un jour.
Avec la jolie Jane Dormer, Elizabeth savait qu’elle pouvait se rappeler du souvenir de son petit frère, jeune roi partie trop tôt. La rousse avait longuement connu son frère durant l’enfance, avant d’être séparé de lui quand il devint roi. Ils jouaient, apprenaient leurs leçons ensemble, elle était si fière de lui, mais des hommes, comme son propre oncle Edward Seymour avaient profité de cet enfant, pour obtenir ce qu’ils désiraient le plus. Ainsi, par manipulation, son frère avait signé l’acte qui déshérité Mary et Elizabeth, déclenchant un conflit, qui n’était toujours pas terminé.

« Je me disais que s’il n’avait pas été si mal entouré, il aurait pu faire un bon roi. Malheureusement Edward avait la santé fragile de sa mère, même notre père le savait. Il est parti trop tôt et je me dis qu’il aurait pu faire tellement de chose. Sa mort remonte il y a un an, mais je ne l’oublie pas. » Souriait faiblement la jeune femme, tout en buvant une gorgée de vin. Un an, que le temps pouvait passer vite… Elle se revoyait encore douze mois en arrière, quand les cloches des églises sonnèrent pour annoncer la mort de son frère et l’avènement d’une nouvelle reine, sa cousine Jane Grey. Depuis, beaucoup d’eaux avaient coulé sous les ponts, apportant à chacun son lot de malheur et de bonheur.
Jane qui savait que cette discussion pourrait les conduire vers un sujet plus tragique, lui demandant si les ragots de cour l’intéressaient, comme à chaque fois, Elizabeth ne put dire non, beaucoup trop curieuse d’en apprendre un peu plus.

« Dites-moi tout Jane ! » Elle émit un petit rire, toujours amusée par la jeune femme qui avait été autrefois la compagne de jeu de son petit frère.

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Edward n’était plus, son cœur s’était éteint et elle n’avait pas pu être à ses côtés. Le petit roi était mort depuis plus d’un an, sans avoir pu gouverner, réellement son royaume. Enfant, il n’avait pu connaître l’âge adulte, mais dans le cœur d’Elizabeth, il vivrait toujours. La dernière fois qu’elle l’avait vu, c’était en l’abbaye de Westminster, où son corps était exposé. Tel un ange aux cheveux blonds, il s’en était allé, auprès de ses parents. Elle n’avait pas pleuré, elle était une femme forte, mais son cœur avait longuement saigné. Ses plaies ont mis un moment avant de se panser, mais aujourd’hui, elle était en paix, tout comme son jeune frère.
Edward n’était plus et il se trouvait loin, elle n’avait plus que son souvenir et ses proches, pour se remémorer sa mémoire, comme la douce Jane Dormer. Cette dernière a été une vraie source de joie pour le futur roi et elle l’était maintenant pour toute la cour et la reine. Jeune, belle et toujours joyeuse, elle était un rayon de soleil, qui même pieuse attiré de nombreux regards. Elizabeth savait reconnaître la beauté et elle la voyait en cette jeune fille, bien plus que chez sa sœur, Anne, qui avait tout de la dévergondée. Jane était là pour lui réchauffer le cœur et elle lui parla des derniers cancans de la cour. Elle évoqua la présence d’un jeune espagnol, qui selon ses dires étaient très beau. Elizabeth était presque certaine de l’avoir déjà vu, selon sa propre mémoire, ce Gomez était un beau brun, à la peau pâle, mais qui était aussi très bien bâti physiquement. Dès son arrivée, la rumeur se propagea qu’il était là pour se trouver une femme anglaise, qui serait dès son mariage, comtesse. Ce n’était donc pas étonnant de voir que certaines faisaient tout pour tenter leur chance. Les paroles de Jane furent suivies d’un gloussement et Elizabeth ne put s’empêcher de rire, face à son comportement, on dirait que l’Espagnol ne l’avait pas laissé indifférente. La rousse riait tellement peu, cela lui faisait plaisir de recevoir Jane, la veille de son départ. La jolie brune continua ensuite son flot de parole, sur les nombreuses qualités de l’homme, ce qui arracha un sourire tendre de la part d’Elizabeth.

« Et bien on dirait que la course sera folle, entre toutes les dames de la cour. Surtout que j’ai entendu dire que cet homme avait une très grosse fortune, comme beaucoup d’Espagnols d’ailleurs. » Fit-elle sur un ton amusé. « Est-ce que cela vous plairait de quitter notre pays pour l’Espagnole ? » Ajouta Elizabeth sur un ton curieux. « Cependant, il semblerait qu’il ne soit pas le seul charmeur de la cour, il parait que bientôt la reine va accorder sa liberté à Robert Dudley et sa famille, vous connaissez sa réputation, il saute sur tout ce qui porte un jupon. » Robert, la jeune femme n’attendait que ça, qu’il sorte une bonne fois pour toute de sa prison et qu’enfin, ils puissent se revoir.

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Ce moment avec la jolie Jane Dormer serait sûrement le dernier moment agréable, avec une amie, que la princesse vivrait avant un moment. Elle avait un bon entourage, mais toutes ses dames avaient été engagées par sa sœur et si Elizabeth voulait survivre, elle devait rester secrète. Avec Jane, même si la jeune fille était dame d’honneur de la reine, elle savait qu’elle pouvait parler sincèrement, puisque leurs passés, ne cessaient de se réunir. Elle ne craignait pas la trahison de la part de la jolie brune, tout comme cette dernière savait que jamais Elizabeth ne viendrait divulguer ses secrets. Comme n’importe quelles jeunes filles célibataires, les deux anciennes compagnes de jeu parlaient des hommes et surtout de l’arrivée d’un très bel Espagnol, qui ne cessait d’émouvoir tous les cœurs. Elizabeth avait déjà croisé cet homme durant le mariage et il était vrai, qu’il était particulièrement charmant avec ses boucles brunes et ses grands yeux sombres. Cependant, comme tout étranger, il n’était certainement pas le type d’homme qui lui convenait. La princesse avait déjà eu de nombreuses demandes en mariage et même sa sœur avait voulu la fiancer à un prince originaire de Flandre, mais par chance, elle avait échappé à cette ineptie. Tout comme sa sœur, elle avait eu de nombreux prétendants, mais maintenant que Mary avait un époux, c’était sur elle que toutes les attentions se tournaient et cela l’inquiétait. Si un homme s’intéressait à elle, c’était certainement pour se rapprocher du pouvoir et non pas pour elle. C’était le triste destin des souverains et Elizabeth en était certaine, le roi Philippe ne nourrissait pas un amour fou pour sa reine, comme il le laisse entendre à tous. Il jetait bien trop de regards soutenus envers sa belle-sœur, pour qu’il soit sincère envers son épouse. D’après les rumeurs, Philippe ne voulait même pas épouser Mary Tudor et il y avait été seulement contraint par son père, pour obtenir une alliance solide et catholique avec l’Angleterre. Tels étaient les jeux du pouvoir et ils étaient toujours implacable.

« Juste pour savoir, nous rêvons tous de voyager, surtout avec les nombreux récits que nous entendons de pays exotiques, avec des hommes qui vivent sous des montagnes d’or. » Souriait la jolie rousse pour répondre à la question de Jane. Il était vrai, la jeune fille ne pouvait que se poser des questions, mais Elizabeth avait perçu son intérêt pour cet Espagnol et pour n’importe qui, une alliance avec la famille Dormer et surtout avec une lady de la reine, ne pouvait être qu’un avantage. Cette idée avait peut-être même déjà traversé l’esprit de l’Espagnol, en quête d’une épouse.

La rousse avait peut-être trop parlé en évoquant Robert Dudley et son emprisonnement. Après tout, tous avaient assisté à sa danse, en compagnie du jeune homme, durant le couronnement de la reine. Les rumeurs circulaient et même Amy Robsart, l’épouse de Robert ne cessait de lui envoyer des regards noirs.
« Oh, on me parle beaucoup, des personnes de la reine, des ambassadeurs, surtout quand je suis à la cour, sinon je reçois parfois des missives, avec les nouvelles. La cour sait qu’elle doit compter avec moi, puisque je suis l’unique héritière de ma sœur. Cependant Jane, sachez que vous êtes une magnifique jeune femme et en ce qui concerne votre prochain mari, choisissez le avec votre cœur, cela sera votre seul moyen d’être heureuse. Malheureusement pour moi, je suis une princesse et un jour je devrais épouser l’homme qu’on me dira d’épouser, mais vous, vous pouvez échapper à tout cela, vous êtes assez forte pour choisir et en plus, vous avez l’amitié de la reine. » Elle parla à la jeune fille sincèrement, lui prodiguant de précieux conseils, tout en utilisant sa situation de princesse dévouée à sa couronne.

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Son éloignement forcé de la cour, lui procurerait le plus grand bien. Elizabeth le savait, même si elle serait toujours surveillée au palais de Woodstock, elle ne serait plus menacée, par la couronne, qui voit toujours en elle une traitresse. Loin de la cour, elle serait moins suspectée et surtout, elle ne risquerait plus de se retrouver à nouveau en prison. Son passage à la Tour de Londres a été un traumatisme pour une personne aussi fière qu’elle et plus jamais elle ne voudrait revivre un tel moment. Partir était donc un soulagement, Elizabeth savait qu’elle n’avait pas sa place dans cette cour hostile, elle y avait de nombreux ennemis, mais aussi des amis trop entreprenant, qui veulent la mettre sur le trône.
Avant son départ, elle voyait la douce Jane Dormer, qui a autrefois été une amie de jeu de son frère Edward. L’ancien petit roi était ce qui avait réuni les jeunes femmes, le deuil, la tristesse, ceux qui avaient connu le jeune roi et avait côtoyé sa gentillesse, s’étaient consolés ensemble. Le mois avait laissé la peine s’apaiser et Elizabeth voyait que Jane était toujours touchée par ce passé. Cependant la conversation des deux jeunes femmes dévia vite sur les beaux hommes qui peuplent la cour, Robert Dudley dont la princesse est amoureuse, mais aussi Gomez Suarez, un Espagnol, qui a attiré le regard de Jane. Pour la taquiner, la rousse continua sur ce sujet.

« Jane, vous devriez peut-être inviter ce jeune homme à danser avec vous et lui faire découvrir nos danses, c’est sûrement le meilleur moyen de se rapprocher de lui. » Renchérit la princesse, tout en agrémenta ses paroles avec un clin d’œil et des sourires amusés. Elle-même s’était rapprochée de Robert grâce à la danse et selon les dires des personnes de la cour, sa propre mer avait charmé le roi Henry VIII au cours d’une danse. Si Elizabeth pouvait aider son amie Jane à être heureuse, elle le ferait, la jeune dame d’honneur méritait de connaître le bonheur.
Jane la prit dans ses bras et en cet instant, le thé arriva, la servante le déposa sur l’une des tables et Jane se proposa pour le servir, ce qu’Elizabeth déclina aussitôt.

« Vous pouvez disposer. » Disait la princesse à la servante, puis elle se tourna vers Jane. « Je vais nous servir, après tout, vous êtes dans mes appartements et je suis l’hôtesse. » Souriait la rousse, avant de servir deux tasses de thé et disposer les petits gâteaux.
« Cela vous plait-il d’être dame d’honneur de la reine ? » Demanda Elizabeth pour continuer la conversation.