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Nous nous situons aux alentours de mai 1558.
Il fait de plus en plus chaud les gens prennent plaisir à sortir dans les jardins.

Si vous souhaitez jouer un étranger, privilégiez les Espagnols et les Ecossais.
N'hésitez pas à regarder les PV et scénarii en priorité.
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MessageSujet: family is power } ft. William Cavendish  family is power } ft. William Cavendish Icon_minitimeMer 8 Juin - 13:30
Ah, la famille. Qu’est-ce qui pouvait être à la fois grandiose, précieux et dangereux qu’une famille ? Qu’est-ce qui pouvait être à la fois source de grandeur et de déchéance, sinon une famille ? Les noms qui avaient jalonné l’Histoire anglaise revenaient aux oreilles de tous les habitants de l’île, fussent-ils nobles ou manants. Des noms mythiques, issus d’un passé révolu, Beauclerc, Plantagenêt. Des noms qui incarnaient la légende vivante, les Tudor. Et d’autres noms, sans couronne mais tout comme, qui ponctuaient ici et là les livres d’Histoires, les récits, les mythes presque…

Neville, Howard, Percy, Boleyn, Dudley, Grey, Brandon, ils revenaient encore et toujours comme une comptine, et combien étaient les enfants de la campagne à rêver, le temps d’un jeu, pour une heure, être un membre de l’une de ces fameuses familles ?

J’en étais, enfant.

Et aujourd’hui, je me disais parfois qu’au fond, me marier avait été mon rêve de petite fille.

Le carrosse filait aussi vite que possible dans les rues déjà encombrées de la capitale. Si je tenais Londres en haute affection, d’ordinaire je préférais y circuler à cheval. Mais là, la situation ne s’y prêtait guère. Mes mains se posèrent sur mon ventre, et je souris presque instinctivement, dans la solitude de cette drôle de cabine qui tressautait à mesure que les roues heurtaient les pavés londoniens.

D’ici trois semaines naîtrait mon sixième enfant.

Ou deux enfants, ce n’était pas impossible. Tous les médecins me déclaraient anormalement grosse.

Deux options : soit j’étais comme la reine Mary, cette vieille fille revêche et stérile, désireuse d’enfanter au point de se croire enceinte et d’alerter le pays entier pour voir son ventre enfler et enfler encore sans que rien n’en sorte jamais, soit je portais des jumeaux.

Et comme les coups de pieds étaient fréquents et que je ne voulais en aucun cas être comparée à Mary la Sanglante, j’avais décidé de croire en la seconde option.

Un enfant était toujours une victoire supplémentaire. La mienne était déjà venue, des années plus tôt, en la personne de mon fils Henry. Un héritier pour William, un fils pour lui succéder, j’avais rempli ma part du contrat et assuré, à ma manière, la transition. Les naissances successives de William et Charles n’avaient fait que couronner ce sentiment de réussite. Aujourd’hui, peu m’importait le sexe de l’enfant, ou des enfants, à venir : mes trois garçons étaient beaux et bien portants. Mes deux filles étaient superbes.

Et celui ou celle qui viendrait dans trois semaines ne le serait pas moins à mes yeux.

Comme si il sentait que je pensais à lui, l’enfant m’expédia un coup de pied qui m’arracha un petit couinement, soutenu par un énième heurt, particulièrement violent cette fois, du carrosse. ‘Pourquoi Diable ton père a-t-il choisi une résidence si loin de celle de son cousin ?’ pestais-je.

Car c’était bien là que je me rendais ce matin, chez celui qui était devenu mon cousin par alliance lorsque j’avais épousé Sir William Cavendish, neveu de feu le duc Thomas de Devonshire, cousin germain de l’actuel duc, William lui aussi. Moi, la fillette sans avenir du Derbyshire, la dernière-née, la moins jolie, la plus pénible, celle que l’on avait mariée de force à treize ans à un obscur propriétaire du coin, j’étais devenue la cousine d’un duc.

Quelque part là-haut, mon père devait soit rire et boire à ma santé, soit se cogner la tête contre un mur.

Et j’ignorais quelle version me satisfaisait le plus.

Ecartant doucement le rideau, j’observais la ville à travers les vitre. Une belle ville que cette capitale de Londres, mais autant j’aimais y séjourner d’habitude, autant là, enceinte comme je l’étais, je regrettais parfois amèrement Chatsworth et sa tranquillité. Si à cinq, à huit, à treize ans, on m’avait dit que j’en viendrais à désirer m’en retourner vers le Derbyshire, en ce temps où je n’aspirais qu’à quitter la région, je n’en aurais pas cru un mot.

Mais les années aidant, ma position s’améliorant, j’avais fini par faire la paix avec mon passé de presque paysanne, avec mon comté d’origine. J’étais même parvenue à retourner à Scarsdale avec mon frère et mes enfants, pour leur montrer les lieux où j’avais grandi.

Et moi qui pensais que je pourrais jamais circuler dans les ruelles de ma ville natale sans avoir envie de vomir tous les six pas, j’avais été agréablement surprise de ma propre résistance.

Il fallait tout de même souligner que ce n’était jamais désagréable de parader avec mes fils et mes filles vêtue comme la noble dame que j’étais devenue devant ma mère et mes sœurs mal fagotées, assombries, usées par les années et les travaux. Elles qui avaient refusé de croire en moi et en mes propres capacités d’élévation se prenaient en plein dans les dents l’image qu’elles donnaient, l’image que je leur renvoyais. Les voir blêmes de jalousie, d’incrédulité ou d’amertume me plaisait beaucoup plus que de raison.

J’étais un monstre.

J’irais en Enfer.

Mais je n’en avais strictement rien à faire.

‘Nous sommes arrivés, Milady,’ s’écria le cocher depuis l’extérieur du carrosse. Je n’eus même pas le temps de pousser un soupir de soulagement : déjà la porte s’ouvrait et un serviteur m’aidait à descendre. La demeure londonienne des ducs de Devonshire se tenait face à moi, droite et fière comme cette famille que j’avais intégrée et dont j’arborais aujourd’hui le nom avec fierté. Par orgueil personnel et par allégeance envers ce clan auquel je m’étais finalement très vite identifiée. ‘Monsieur le duc,’ dis-je au serviteur portant la livrée de mon cousin par alliance, ‘est au courant de ma visite. Soyez assez aimable pour me faire annoncer vite, je ne tiens pas à rester dans la rue.’ Et comme il n’est pas de bon ton de laisser une Lady enceinte de huit mois et demi devant la porte, l’on me fit entrer très vite. Bientôt, je me trouvais face à William Cavendish, duc de Devonshire.

‘Cher cousin, c’est un plaisir de vous revoir à Londres. J’imagine que quitter Devonshire’s House a été quelque peu difficile pour vous, mais vous maquez cruellement à William lorsque vous n’êtes pas là. Comment vont Antanasya et les enfants ? Votre dernier né ?’

Ah, les banalités. Que serait une conversation sans les banalités ? Quoique, ce n’en était point tout à fait, le fait était que je me souciais réellement de savoir comment se portaient Anya et les cinq enfants du couple.

Même mon égoïsme avait ses limites.

Parfois.

De toute façon, j’avais déjà prévu de rendre visite à la duchesse une fois mes couches passées, lorsque mon mari aurait daigné m’autoriser à rentrer à Chatsworth et revoir le reste de la progéniture que j’y avais laissé. J’aurais tout le temps de m’enquérir de la santé de toute la famille auprès des principaux intéressés. Je n’étais pas franchement venue pour parler langes et babillages avec mon ducal cousin par alliance.

‘1556 s’annonce sous d’étranges auspices, certains bons’ (je songeais à l’enfant d’Anya, au mien qui naîtrait bientôt, ‘et d’autres moins. Avez-vous eu l’occasion de croiser mon mari ces jours-ci à la Cour ? Entre ma fatigue récurrente et ses propres obligations, j’ai parfois l’impression que nous ne vivons pas sous le même toit ! Je ne serais pas étonnée que vous l’ayez rencontré davantage que moi, il est très impliqué dans les affaires de Cour, ces temps-ci...’

Mon mari, l’autre William Cavendish comme certains disaient, me faisait souci. A ses problèmes sanitaires s’ajoutaient les persécutions menées contre nos coreligionnaires, qui maintenant que Mary Ière aurait à noyer le chagrin provoqué par le départ de son espagnol de mari, serviraient d’exutoire à sa folie furieuse et sa passion morbide des bûchers.

Plus espagnole qu’anglaise en somme.

Isabelle de Castille devait apprécier le spectacle.

Et Henry VIII se retourner dans son tombeau.

A condition que ledit tombeau soit assez large, après tout feu le souverain aux six femmes n’était pas franchement un poids plume.

Alors avant que la prétendue souveraine ne recommence à courir en tous sens avec force chapelets et eau bénite, sous l’oeil bienveillant de la très Sainte Inquisition et avec l’approbation de cet imbécile en robe et pompons qui dictait sa loi depuis les couloirs de Saint-Pierre-de-Rome, il me faudrait mettre quelques choses au point avec mon ducal cousin.
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William Cavendish
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William Cavendish
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♕ Métier : duc de Devonshire ♕ Age : 42 hivers, un âge bien avancé. ♕ Religion : catholique aux yeux de tous, mais a toujours eu un coeur protestant. ♕ L'avatar a été fait par : swan (avatar) / ASTRA (signature) (& BONNIE pour les icons) ♕ Mon nombre de messages est : 2192 ♕ Mon nombre de Livres Sterling : 5 ♕ Je suis arrivé(e) sur TGA le : 26/02/2014 ♕ Mon pseudo web est : proserpina ♕ Mes autres visages : George Hastings family is power } ft. William Cavendish 9Ci5RkZG

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MessageSujet: Re: family is power } ft. William Cavendish  family is power } ft. William Cavendish Icon_minitimeJeu 23 Juin - 14:41
FAMILY IS POWER
Elizabeth & William


La famille, pour toujours et à jamais. On ne la choisit pas, mais elle peut devenir une force indétrônable. J'en faisais ma priorité, ma raison de vivre, et la raison pour laquelle je me battais. Notre survie en dépendait. Ces derniers temps, la situation fut de plus en plus difficile, mais rien n'allait m'arrêter. Sa Majesté la Reine Mary avait changé de politique, devenant de plus en plus cruelle envers le peuple protestant. Tout ceci devait cesser, et nous attendions avec impatience le jour où elle allait rejoindre le Ciel. Qu'allions nous devenir ? Ce jeu allait-il durer encore longtemps ? Bien trop de questions traversèrent mon esprit, et aucune réponses ne furent apportées. Fort heureusement, nous vivions très confortablement, et les soupçons contre notre famille sont quasiment inexistantes. Nous vivions malgré tout heureux, et je l'étais encore plus en voyant mon garçon Henri grandir. J'étais désormais sûr de ma succession, et je savais à cet instant que le duché allait être dans de bonnes mains lorsque je devais rejoindre feu mon père. Je repensais alors à ce monde que nous allions laisser à nos enfants. Toutes les stratégies que je menais à la Cour, ce fut pour nos enfants. Je faisais de leur sécurité ma priorité. Je repensais à l'éducation que j'avais reçu de feu mon père qui fut certes très stricts, mais qui était des plus justes. Ce fut plus que bénéfique pour moi-même et ce fut surement cela qui avait sauvé ma famille. J'avais beaucoup appris de lui concernant le jeu qu'il fallait jouer à la Cour pour notre propre intérêt. Il était indispensable pour moi de continuer mon travail à la Cour auprès de la Reine qui croit toujours que nous sommes un fidèle soutien à la couronne. Bien entendu rien de tout cela n'était véridique, mais personne ne devait le savoir. Fort heureusement le clan Cavendish est assez grand et très influent pour que nous ne soyons pas sur le bûcher à l'heure actuelle. Il était important au sein de notre famille que nous soyons unis, et en tant que chef de ce clan, je me devais d'assurer cette union. Malgré les différends qu'il pu y avoir, cela n'altérait en rien ma stratégie. Mais nous n'avions guère le choix en réalité. L'Angleterre, quant à elle, était divisée, brisée, et en feu.

"Je reviendrais bien assez tôt. Prenez soin de vous en mon absence." déclarais-je à Antanasya tout en l'embrassant tendrement. J'embrassais aussi mes enfants et leur promis des cadeaux à mon retour. Tout était prêt pour mon départ pour Londres. Je finissais par avoir l'habitude de voyager entre le Devonshire et la capitale. Cela était bien difficile de concilier ma vie familiale avec mon travail à la Cour, mais cela jouait sur notre avenir qui était encore incertain en vérité. Les affaires m'appelaient; il fallait bien rassurer Sa Majesté que nous étions bien entendu fidèle à sa personne. Nous ne savions encore combien de temps il nous restait, ni jusqu'à quand nous devions vivre dans cette situation si désagréable. Je ne pouvais le cacher, nous avions peur chaque jour. Nous devions être forts, et je ne pouvais compter que sur ma famille qui elle, ne pouvait jamais trahir, quoiqu'il arrive. Il était donc en mon devoir de m'assurer qu'aucun doute n'apparaissent contre nous. Je me trouvais donc ce jour-là à Londres, toujours portant ce masque catholique qui, au final, m'allait à ravir selon certains. Je repensais à la situation d'Anya, ma chère épouse, qui nous embêtait en vérité. Officiellement elle ne s'est pas convertie au catholicisme. Au contraire j'ai dû le faire, pour notre sécurité. Je ne savais quoi faire, mais je pouvais être sûr de l'efficacité de notre stratégie qui fera éloigner les regards bien trop insistants à notre égard. Je repensais alors à ma cousine par alliance Elizabeth, une femme forte. Nous étions un grand clan, presque rivale à la Couronne. Notre influence et notre puissance pouvait être avantageuse comme dangereuse. Mais je restais confiant malgré tout. Au fond j'espérais ne plus pouvoir jouer à ce jeu encore longtemps, j'espérais une vie paisible pour nos enfants. Henry commençait à comprendre tout ceci; il était indispensable pour lui de recevoir la même éducation que j'avais reçu.

Je me trouvais donc dans mon appartement à Londres, qui m'était très utile. Une belle journée s'annonça, ce qui était assez rare ces derniers temps. Malgré tout, mon envie de me détendre à la Devonshire's House se faisait de plus en plus sentir. C'était bien là où je me sentais le mieux. Je me trouvais à mon bureau, réfléchissant à diverses affaires faisant le tour des couloirs de la Cour. Tout à coup on annonça la venu d'Elizabeth à qui j'avais donné rendez-vous dans la journée. Une sourire se dessina sur mon visage, il était temps de préparer une offensive. Je ne savais si Anya approuvait mes actions, mais je n'approuvais guère réellement les siennes. Il fallait cependant que nous restassions discrets, ce pourquoi cet appartement londonien nous était bien nécessaire. "Chère Elizabeth ! Mettez-vous à votre aise. Je suis aussi ravi de vous revoir ici. Oui je ne vous le cache point, mais vous savez le prix que coûte notre sécurité, n'est-ce pas ? Dites lui que je lui rendrais visite dès qu'il m'est possible de le faire, j'y tiens !" lui répondis-je enthousiaste. Nous étions vraiment comme des frères avec son époux. "Ils se portent à merveille, et le petit Thomas est en bonne santé, fort heureusement. Je prie pour qu'il le reste." lui rétorquais-je tout en pensant à ma famille. J'aurais aimé être auprès d'eux à cet instant même. "Et vous ? Comment vont votre famille ainsi que votre futur petit ? Je dois dire que vous rayonnez, même enceinte" repris-je ensuite voulant prendre quelques nouvelles, me rappelant de toute la tribu de la branche cousine.

"Je ne pouvais dire mieux. Espérons que ces auspices restent bons." affirmais-je à propos des paroles de ma cousine. Elle était une femme digne du clan Cavendish, avouais-je. J'enviais parfois William mon cousin pour avoir de si bon goûts, et j'aimais plaisanter à ce sujet lorsqu'ils nous rendaient visite. "Je suis arrivé il y a peu de jours en vérité. Je n'eu le temps de le voir ces derniers temps, mais nous nous croiserons surement bien assez tôt." lui racontais-je. "Je ne peux que vous comprendre, moi-même je ne suis plus très souvent au domaine." poursuivais-je en souriant presque. "Votre courage vous honore Elizabeth. Reposez-vous aussi, c'est important pour votre futur enfant" lui conseillais-je. "Avez-vous des nouvelles de nos amis protestants et de notre situation actuelle de votre côté ?" commençais-je par dire calmement, sans crainte qu'on nous écoute. Je la savais impliquée tout autant qu'Anya, mais ne savais si d'autres femmes l'étaient aussi.

(c) khάη



Dernière édition par William Cavendish le Sam 27 Aoû - 15:41, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: family is power } ft. William Cavendish  family is power } ft. William Cavendish Icon_minitimeDim 3 Juil - 15:11
Avant de devenir Lady Cavendish, j’avais toujours considéré de manière étrange l’attachement viscéral que certains nourrissaient pour leur clan, auquel ils voulaient une farouche dévotion. Ils me semblaient tantôt enviables, tantôt ridicules : moi-même n’avait jamais eu pareil sentiment pour ma famille de naissance, ni même pour la famille de mon premier mari. Tous étaient médiocres et sans intérêt, à égalité, ce qui rendait tout attachement complètement idiot. Mon père, Dieu ait son âme, était pour autant que je m’en souvenais un homme soucieux de son honneur et de la réputation de son nom ; ç’aurait pu être appréciable s’il était né dans une famille d’importance certaine, cela devenait hors de propos dans la nôtre.

L’attachement au nom, aux valeurs émanant de ce nom, je ne l’avais compris qu’en épousant William, tout comme j’avais compris le véritable sens du mot famille. Lorsque j’étais encore Miss Hardwick (seul le fait d’être la protégée de Lady Zouche faisait que l’on me donnait du ‘milady’ à la cour), je ne considérais comme famille que mon frère James, qui était au fond aussi médiocre que nos ancêtres, paix à eux, mais qui avait au moins le mérite d’avoir refusé de me voir enfermée dans cette même médiocrité qui semblait apanage chez nous, et m’avait aidée à en sortir.

En unissant mon destin à celui de Sir William, j’avais aussi noyé mon nom dans le sien : pour tous désormais, j’étais Lady Cavendish.

J’avais finalement trouvé ma place, mon rang, j’avais enfin trouvé un nom qui puisse me rendre fière.

J’avais trouvé une famille, une vraie famille.

Et successivement, en mettant au monde mes fils et mes filles, j’avais apporté ma pierre à l’édifice, en contribuant à la longévité du nom des Cavendish.

Il se disait que l’on ne pouvait pas choisir sa famille : en un sens, c’était vrai. Je n’avais pas choisi d’être la dernière-née d’Arthur Hardwick et d’Elizabeth Leeke, je n’avais pas choisi mes sœurs aînées, ni mon frère, ni mon beau-père.

Mais l’idée même dene pas avoir le choix me déplaisait, aussi préférais-je partir du principe que j’avais choisi d’épouser Sir William et que de là, j’avais choisi ma famille. Ma belle-fille était trop pieuse et sensible pour représenter une menace réelle, et avait compris depuis bien longtemps qu’en dépit du ressentiment qu’elle nourrissait à mon endroit, il serait infiniment plus intelligent de sa part de se taire et ne surtout rien tenter contre ma personne. Quant au couple ducal formé par William de Devonshire et son épouse Antanasya, je les appréciais tous deux, le plus sincèrement du monde.

Dans mon cas, c’était préférable de le souligner.

Dieu seul savait comment l’un et l’autre avaient réagi en apprenant la mésalliance de leur cousin, mais à présent je pensais pouvoir prétendre que tout potentiel malentendu était dissipé. Anya et moi nous considérions comme deux égales, et partagions assez de points communs pour trouver d’interminable sujets de conversation : la religion, les enfants, la politique n’étaient jamais que quelques exemples parmi d’autres. Quant à William, lui et mon mari étaient assez proches pour que j’aie parfois l’impression de m’adresser à lui comme s’il était mon beau-frère et que lui me considérait comme une belle-soeur appréciée.

D’autant plus que l’usage voulait qu’un ennemi commun fédère ses opposants : si tel était le ca,s le clan Cavendish se devait d’être plus uni que jamais. Faire face à la menace bien réelle que représentait Mary Tudor relevait de l’extrême urgence. Et s’il n’y avait que le religieux ! Mais non contente de persécuter les protestants, dont nous étions tous, la souveraine menait une politique catastrophique, obsédée par l’Espagne lorsque c’était vers la France qu’il fallait se tourner, la voilà qui nous plongeait dans une délicate situation face à l’Ecosse, alors que par delà la Manche, Henri II raffermissait sa prise autour de Calais. Et cet imbécile de Philippe qui préférait se préoccuper du sort de ses propres terres plus que de celui de l’Angleterre ! Quoique, je ne pouvais lui en vouloir, tout ce que je lui reprochais était de ne pas avoir compris qu’il se serait jamais à sa place ici avant d’épouser la reine.

Et voilà que Sa Sainteté à Rome s’immisçait aussi dans l’histoire, sans doute trop effrayé par les troupes impériales et le mauvais souvenirs qu’elles avaient laissé dans les mémoires italiennes. Et la reine qui buvait ses paroles presque autant qu’elle buvait celles de son Habsbourg de mari !

Ce n’était plus une reine que nous avions, mais un pantin ; un pantin dirigé d’un côté par l’espagnol, de l’autre par le romain.

Et après, l’on osait s’étonner que l’Angleterre aille si mal…

Mais évidemment, c’était là les discours qui ne devaient jamais franchir le cercle familial : mon époux et son cousin n’étaient pas en rester pour en parler entre eux, je le savais, quant à Anya et moi, nous faisions notre possible de notre côté. La naissance du petit Thomas, celle, imminente, de mon bébé, rendait les choses plus difficiles. Mais point impossibles, et encore moins entendues : lorsque mon enfant viendrait, je ne tarderais pas à reprendre la lutte.

Et j’avais hâte, terriblement hâte même.

En vérité, je n’aurais pas détesté qu’il naisse prématurément, celui-là…

Mais avant de prendre l’offensive, mieux valait la préparer, c’était dans cette optique que je m’étais rendue en ce matin hivernal à la résidence de mon cousin par alliance, profitant de la présence de William à la cour pour couvrir mon absence. Je savais par Anya qu’il n’approuvait guère de nous voir ainsi nous mettre en danger, mais sans doute savait-il aussi, au moins via William, que j’étais un monstre de prudence et d’opportunisme : si j’étais consciente des risques, les contourner était presque devenu une seconde nature.

J’avais déjà décidé que je n’étais point montée si haut pour qu’une reine catholique mette à mal mon entreprise. Je ne souffrirais pas de mourir sans avoir vu Chatsworth terminé !

‘Chère Elizabeth ! Mettez-vous à votre aise. Je suis aussi ravi de vous revoir ici. Oui je ne vous le cache point, mais vous savez le prix que coûte notre sécurité, n'est-ce pas ? Dites lui que je lui rendrais visite dès qu'il m'est possible de le faire, j'y tiens !
- Merci bien, cher cousin. Tout le plaisir est pour moi ! Hélas oui, je le sais bien. Qui parmi nous en doute encore ? Je passerais le message, cela dit. Qui sait si lui ne vous visitera pas avant ?’
rétorquais-je en riant, avant de prendre des nouvelles de la branche cousine. Nouvelles que j’accueillis avec joie, puisqu’elles étaient bonnes.

‘Vous m’en voyez très heureuse. Soyez assuré qu’à vos prières se joindront les miennes et celles de tous les miens. Tout le monde se porte à merveille de mon côté : Frances et Charles m’ont suivie jusqu’à Londres, les autres sont sous bonne garde à Chatsworth. Henry est un vrai garnement, et notre William est un peu plus studieux chaque jour que Dieu fait. Quant à celui-ci’ je posais les deux mains sur mon ventre, ‘il est au sommet de sa forme. Ou plutôt ils sont au sommet de leur forme, chaque médecin que William m’envoie promet une grossesse gémellaire. Enfin, je vous épargnerez mes histoires de femme enceinte. Merci du compliment !’ souris-je.

‘Oh, je crois que les sujets de conversation ne manqueront pas,’ dis-je lorsque le duc affirma qu’il ne tarderait pas à rencontrer mon mari fort opportunément à la Cour. ‘Hélas, tel est le destin des mariés : vivre séparément l’essentiel de l’année ! Je connais bien cela. Mais c’est pour la bonne cause, n’est-ce pas ?’

Après tout, il fallait bien quelqu’un pour dire amen à la reine pendant que d’autres rêvaient de révolution. Ce double-jeu joué par l’essentiel des familles protestantes du pays avait quelque chose de terriblement lassant, de frustrant, d’horripilant même, mais dans nombre de cas, il nous sauvait la vie.

J’accueillis la remarque de William quant au repos nécessaire à la femme enceinte avec un hochement de tête : ‘je tente bien de faire mon possible, mais soyez assuré que je me repose, en voilà un qui ne me laisse pas d’autre choix,’ ris-je en désignant mon futur enfant. ‘Cela dit, s’il vous venait à l’idée de sermonner votre cousin quant à l’absurdité de me faire venir du Derbyshire à Londres enceinte de huit mois, je ne vous en voudrais certes pas.’

Cela étant dit, le vif du sujet ne tarda pas à venir sur le tapis.

‘Point suffisamment à mon goût, mais assez pour que nous ayons une idée globale de la situation. A la cour, Lady Radclyffe n’est pas en reste pour ce qui est de transmettre les informations que la reine transmet, et c’est une personne de confiance. Ma situation ainsi que celle, jusqu’à peu, d’Anya, nous empêche de nous concerter comme il se doit, mais nous ne tarderons pas à nous revoir. Je crains que le départ de Philippe pour le continent ne fasse empirer les choses : lui avait au moins l’intelligence de comprendre que les bûchers n’aideraient pas Sa Majesté à s’attirer les respects de son peuple, bien au contraire. Elle, j’ignore si elle ne le comprends pas ou si elle refuse de le comprendre, mais peu importe puisque le résultat est le même. Hors une chute inopinée dans les escaliers de Whitehall, je crains qu’il ne nous fasse la supporter encore quelques années. William redoute un conflit avec la France et l’Ecosse, pensez-vous que ce soit une réelle menace ?’

Je faillis soupirer : Dieu est témoin, le jour où Elizabeth prendra la relève de sa détestable sœur aînée, j’irais danser de soulagement dans les jardins de Chatsworth!
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William Cavendish
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MessageSujet: Re: family is power } ft. William Cavendish  family is power } ft. William Cavendish Icon_minitimeDim 28 Aoû - 17:56
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Même si on pouvait croire que la situation devenait de plus en plus critique, surtout à cause de la politique virulente de la Reine Mary, je tentais de rester positif. Pour le moment, aucun soupçon n'apparu au sein de notre famille, c'était l'essentiel à mes yeux. Je me démenais à la Cour pour pouvoir prouver à la Reine que notre clan lui était le plus fidèle, ce qui ne fut évidemment vrai. Nous devions au même moment affaiblir le pouvoir catholique et rester discrets. J'étais prêt à donner ma vie pour ma famille et refusais qu'Antanasya ne risque sa vie pour cette cause. Je fus face à un dilemme. En effet, je ne devais pas les abandonner et à la fois ne pas les emmener tout droit vers le bûcher en agissant explicitement contre la Reine. Cependant on ne pouvait plus vivre dans cette situation, où l'on devait se cacher pour notre survie. Nos enfants vivaient dans le mensonge catholique et cela je ne pouvais l'accepter et pourtant nous n'avions guère le choix. Malgré cela, nous devions garder la force de continuer. Je savais que nous n'étions pas seuls. Je possédais nombre d'amis, mais aussi des membres du grand et puissant clan Cavendish prêts à joindre notre cause. La famille était un pouvoir à lui-même, cela était bien vrai. Je repensais alors à l'une de mes cousines, Elizabeth qui était en réalité l'épouse de mon cousin. Elle s'intégrait parfaitement au sein de notre famille, et avait rapidement compris les codes. Mon cousin n'avait pas fait les choses au hasard comme je le faisais souvent remarquer. Elle me faisait aussi pensé un peu à Antanasya. Ce furent des femmes fortes c'est vrai, et sans elles, nous aurions été beaucoup plus affaiblies. Elles étaient intelligentes, et savaient comment s'y prendre. Ce fut rare que l'on trouve ce genre de femme en Angleterre. J'espérais alors que notre alliance familiale continue le plus longtemps possible.

Pour ma part, les manies à la Cour, je les avais apprise assez tôt à mes dépends mais surtout grâce à feu mon père qui fut un grand homme. Ma famille me manquait, surtout ces derniers temps où je devais séjourner à Londres. J'y allais de plus en plus, ce qui prouvait par ailleurs que la Reine semblait désespérer face aux différentes attaques de mes amis protestants. Je leur tenais au courant de nombres de choses sur ce qu'il se passait à la Cour, et par cela on pouvait mieux frapper. J'ai toujours cru que le nerf de la guerre se trouve dans notre esprit. Il ne fallait jamais sous estimer la ruse, la force de notre esprit car sans cela, la force physique ne servait à rien. Les deux se complètent, et c'est ce que j'avais appris de feu mon père qui était un homme qui savait ce qu'il faisait surtout parce qu'il utilisait cette stratégie. Avec cela, j'ai pu l'appliquer à mon tour, et par la même occasion sauver notre famille. Je ne savais pas ce que nous allions devenir, mais faisais tout pour au moins écrire nous-même notre avenir. Faire en sorte que tout se passe pour le mieux pour notre sécurité et notre survie.

Pendant longtemps je pleurais pour la perte de nombres de nos amis protestants, victimes de la politique cruelle de la Reine. Elle perdait de plus en plus la tête et nous prions pour tout ceci s'arrête. Cependant nous savions très bien qu'il fallait attendre que Dieu la rappelle à lui pour que ce soit le cas. Tout ce temps semblait une éternité, mais fort heureusement nous avions des nouvelles peu agréables pour la Reine qui avait eu une grossesse très douloureuse. Nous avions peut-être une chance de la voir partir plus tôt. Nous mentirions si nous disions que nous avions peur. La vérité fut que nous étions surtout inquiets, pour ma part j'étais anxieux sur les représailles de la Reine Mary, qui n'avait décidément rien hérité de l'intelligence de son père feu le Roi Henry VIII. J'allais encore devoir porter ce masque -que je détestais tant- lors des exécutions sur le bûcher où je devais être présent. Je ne pouvais me permettre de briller par mon absence, si je me fais remarquer, beaucoup se poseront des questions, et trouverons peut-être des réponses. Il était hors de question que cela se passe de cette manière, donc la meilleure des solutions furent de ne pas se faire remarquer en un premier lieu. Mais j'avais peur qu'Antanasya et son entourage agisse de cette manière. Je tentais tant bien que mal de justifier notre situation ceci dit.

Ce fut donc dans mes appartements à Londres que je me trouvais en compagnie de ma chère cousine Elizabeth. Nous commencions à converser, tout en l'invitant à prendre ses aises. "Personne ne doute j'espère." lui disais-je. "Je vous remercie. À sa guise alors." repris-je en souriant. Le sujet de notre conversation pour le moment restait la famille. Il est vrai qu'il fut fort longtemps que nous ne nous étions pas vus. "Vous m'apportez donc de bonnes nouvelles. J'en suis rassuré. Ils sont par ailleurs les bienvenus au domaine, ainsi ils pourraient jouer avec les enfants." lui répondis-je l'air enjoué. "Ah vraiment ? William serait alors doublement comblé ! Toutes mes félicitations" lui répondis-je surpris. Puis nous remarquions la difficulté d'être tranquille. Je n'avais guère l'occasion de séjourner plusieurs semaines au domaine, et devais donc laisser Anya la charge de la gestion du domaine, ce qu'elle faisait parfaitement par ailleurs. "Cela me manque de rester auprès d'Anya et des enfants, mais en effet, comme vous dites, c'est pour la bonne cause. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour ceux qu'on aime ?" lui rétorquais-je presque en baissant la tête. C'était bien le prix à payer, repensais-je. Elizabeth et Antanasya étaient des femmes courageuses en effet, toutes deux enceintes au même moment. "Tant mieux alors. Vous savez mieux que moi ce dont vous êtes capable. Ce n'était qu'un signe d'inquiétude de ma part." Pourtant elles étaient attachées à notre cause et ne se reposaient pas sur leurs lauriers, et elles savaient qu'il pouvait y avoir de lourdes conséquences. Puis je riais à sa remarque concernant la décision de son époux. "Ha cela ! Je n'y manquerais pas si cela vous tient à coeur." Je m'arrêtais de rire, et tentais-je de plaisanter. "Le prix à payer comme nous le disons." repris-je tout en souriant.

Après avoir converser respectivement sur notre famille, nous devions désormais parler sérieusement de notre situation. C'était surement pour cela que nous nous étions vus ce jour-là à Londres. Il était important pour moi d'avoir un retour, surtout du côté d'Elizabeth qui avait un différent angle de vue. Ne sait-on jamais, elle pourrait éventuellement détenir une information cruciale, pour que pour la suite j'allais jouer mon rôle que je ne connaissais que trop bien. "Je vois. Espérons que Lady Radclyffe dans un premier temps reste discrète. Je ne remettrais pas en cause sa loyauté. Elle est primordiale pour nous. Je suis bien d'accord avec vous Elizabeth. Mais si l'Empereur vint à rejoindre Dieu, Philippe aura encore plus de pouvoir, et par conséquent, l'Angleterre sera engloutie par les catholiques. Cela serait catastrophique pour nous." lui racontais-je, même si cela, elle devait déjà le savoir. "Le plus important est, je pense, de ne plus se focaliser sur la Reine Mary. Elle est déjà trop sous le joug de ces satanés Espagnols. Malheureusement oui, ce n'est pas demain qu'elle nous quittera. Si seulement on pouvait avoir les moyens d'attaquer au coeur de cette ruche.." Je réfléchissais en même temps, et tout à coup une pensée vint à mon esprit. "Pour le moment, la France et l'Écosse pourrait, contrairement à ce qu'on peut penser, nous être d'une aide non négligeable, puisqu'ils ne peuvent, tout comme nous, supporter les Espagnols, et son donc en opposition avec la Reine. J'ai récemment appris qu'un bâtard écossais était protestant. Avez-vous des nouvelles de ce côté-ci ? Toute aide ne se refuse pas." terminais-je par dire, me demandant si elle avait des informations sur le sujet, mais aussi des relations dans la région.


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MessageSujet: Re: family is power } ft. William Cavendish  family is power } ft. William Cavendish Icon_minitimeJeu 6 Oct - 12:17
Lorsque j’eus rejoint le manoir de mon cousin par alliance, le duc de Devonshire, je ne fus guère surprise d’y trouver un accueil aimable et chaleureux. Chaque famille traînait son lot de secrets et de non-dits, j’avais eu l’occasion de m’en rendre compte à la Cour plus que partout ailleurs, mais en comparaison, le clan Cavendish avait quelque chose de terriblement stable et rassurant.

Du moins selon mon point de vue : j’ignorais ce qu’il en était de William, son frère et sa sœur, ces deux-là je ne les connaissais finalement que peu, mais mon mari fils unique s’entendait bien avec son puissant cousin, avec l’épouse de celui-ci, et moi je m’entendais de même avec eux deux. Heureusement d’ailleurs : le temps n’était pas assez bon, le ciel pas assez bleu, pour que nous puissions nous permettre de ne pas agir de concert.

Il se disait que l’on était jamais mieux servi que par soi-même, c’était vrai, j’en étais la preuve vivante, n’ayant jamais compté sur quiconque hormis ma personne pour atteindre le but que je m’étais fixé.

Mais il se disait aussi que l’union faisait la force, et cela il m’avait fallu attendre d’épouser William dans un premier temps, puis d’être, avec lui, avec sa famille que je considérais comme mienne désormais, confrontée au pire.

Chacun d’entre nous, pris séparément, était misérable, impuissant et sans intérêt. Ensemble, ensemble seulement, nous pouvions ébranler des Empires. Les réformés, ceux que l’on avait par dérision surnommés ‘protestants’ et qui s’étaient accaparés la mauvaise farce pour y tirer leur force, avaient agi de concert dès le début.

Et aujourd’hui, la puissance des Habsbourg était contestée de part et d’autre d’un Empire germanique devenu poudrière, n’attendant qu’une étincelle pour exploser.

Si chose semblable devait se produire en Angleterre, ce ne serait que par l’union, les actions communes, le soutien à l’échelle du Royaume entier. Je n’y aurais jamais cru voilà quinze ans. Maintenant, c’était mon credo : William, Antanasya, mon époux et moi-même, James, Théodore, Frances, tous ceux qui croyaient en la Réforme et en l’Angleterre affranchie de toute présence espagnole se devaient de faire bloc.

Pour ce qui était de l’union des Cavendish, c’était acquis. Et cela me réjouissait plus que je ne l’aurais jamais cru.

La conversation avait démarré sur des banalités, les sempiternelles banalités, qui ici n’en étaient pas vraiment : le fait était que je m’intéressais aux enfants du couple ducal et au couple lui-même, comme eux s’intéressaient à moi et à mes propres enfants.

‘J’ai reçu récemment une missive d’Antanasya à ce propos,’ dis-je en écho aux paroles de mon cousin, qui suggérait une visite prochaine de ma part dans ses terres du Devonshire, ‘et je compte bien vous répondre positivement à tous les deux : d’ici février ou mars sans doute, lorsque je m’en retournerais vers mes terres. A ce propos, il va de soi que vous et les vôtres êtes les bienvenus en Derbyshire dès que vous le voudrez, et aussi longtemps qu’il vous plaira de rester. Chatsworth avance plutôt bien,’ achevais-je en souriant, songeant à ce domaine et à toute la fierté que j’en tirais. Puis je repris le fil de la conversation : ‘cela me manque de rester auprès d'Anya et des enfants, mais en effet, comme vous dites, c'est pour la bonne cause. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour ceux qu'on aime ?
- Il n’est rien’
répondis-je, ‘que nous ne ferions pas. Qui plus est en ce moment.’

Inutile d’avancer : William savait parfaitement bien de quoi je parlais. Sa famille et la mienne, deux entités que je ne considérais pas comme si distinctes, étions sur des charbons ardents depuis maintenant trois ans.

Trois longues années – je doutais d’avoir assez de patience pour en supporter trois de plus, surtout au rythme où allaient les choses, au rythme où flambaient les bûchers.

‘Cela me tient à coeur !’
m’écriais-je dans un bref éclat de rire, ‘diable, heureusement qu’il n’a pas décidé d’envoyer paître son héritage pour se lancer dans un carrière de médecin, il aurait été le pire du Royaume. La chose cependant ne semble jamais lui avoir effleuré l’esprit, et Dieu merci. Cela dit ce n’était pas une mauvaise décision, politiquement parlant. Sa Majesté a beaucoup apprécié le geste, je crois.’ J’arquais un sourcil, ironique. ‘Comme quoi, à quoi tiennent les choses...’

Salutations, nouvelles échangées, plaisanteries, cela aurait pu ressembler à n’importe quelles retrouvailles entre deux membres d’une famille proche. C’est à ce moment précis que l’échange dévia vers une problématique nettement moins… Catholique ?

C’était le moins que l’on pouvait dire...

‘Soyez rassuré, mon cousin,’ dis-je, ‘Lady Radclyffe a autant besoin que nous de rester discrète. Elle non plus ne tient pas à perdre ce qu’elle a.’ Je soupirais : ‘pour un peu, je prierais pour qu’une épidémie de peste emporte fort opportunément Charles, Philippe et Mary dans la tombe, voilà qui faciliterait considérablement les choses. Mais c’est là totalement absurde de ma part – vous voyez juste je le crains, plus Philippe aura de l’influence et plus les choses empireront pour nous. Or Charles est fatigué, son fils prendra bientôt la relève. L’année écoulée s’est clôturée de la pire des façons, nous avons tout à craindre de celle qui s’ouvre désormais.’

Comme instinctivement, je portais mes mains à mon ventre. Mes pauvres bébés, si les médecins avaient raison et que les enfants étaient au nombre de deux, dans quel monde allaient-ils donc naître ? Etais-je en train de les condamner à mort, eux et tous leurs frères et sœurs, en agissant comme je le faisais ?

Et pourtant, pas une fois je ne songeais que la justice de notre cause pouvait être remise en question. L’idée de voir grandir mes fils et mes filles dans un monde gangrené par le Pape et ses agents me donnait la nausée – au fond, si je venais à mourir, au moins mes enfants pourraient se dire que leur mère était monde pour les libérer de cette odieuse machinerie papiste.

Même si je ne tenais en aucun cas à mourir, j’étais trop opportuniste pour jouer les martyrs.

Attaquer la ruche au coeur ? Je n’eus pas le temps de questionner William sur ce qu’il entendait par là, la réponse vint bientôt : la France et l’Ecosse.

Mes pensées s’élancèrent vers James, et je souris. Voilà longtemps que nous ne nous étions point vus, lui et moi. Très longtemps. Trop longtemps.

‘James Stuart,’ dis-je en hochant positivement la tête, ‘est protestant, je puis en attester. Je connais bien l’homme et ses convictions, et il doit apprécier le catholicisme à peu-près autant que moi.’ Cela voulait absolument tout dire. Je poursuivis : ‘j’ai peu de contacts en Ecosse hormis lui, mais il est plutôt populaire au sein de son peuple. Ceux qui pestent après la régence de Marie de Guise et refusent le règne d’une fillette que personne à Edimbourg n’a vue sont prêts à beaucoup pour lui. Il serait dans cette lutte un atout.’

Inutile de préciser qu’il était mon amant.

J’avais ouï dire que mon ducal cousin par alliance n’avait jadis pas été l’exemple même de la fidélité, et que c’était à Anya que revenait le mérite d’avoir mis les points sur les i. Cela ne me semblait ni ridicule ni à suivre : la façon qu’avait le couple de procéder leur était propre, la notre était différente, mais nous convenait.

Anya avait aussi pu se permettre d’agir ainsi parce-qu’elle était noble et bien-née, d’une famille tout à fait respectable, ce n’était pas mon cas, et mon époux n’aurait finalement eu qu’à claquer des doigts pour me renvoyer à ma campagne.
Mais quand bien même j’aurais été issue d’une grande famille, l’infidélité ne me gênait pas plus que cela. William avait ses maîtresses, j’avais mes amants et la chose était finalement rondement menée. Chacun sa vie, chacun sa liberté, aussi étrange que cela puisse sembler nous étions malgré tout un couple uni.

‘Pensez-vous,’ repris-je, ‘que nous puissions espérer une main tendue d’Henri II ? Sa haine des espagnols le poussera-t-il à mettre de côté le problème protestant pour nous aider ?’

Le seul royaume à pouvoir agir ainsi était le royaume de France : la fille aînée de l’Église, comme on se plaisait parfois à le dire, n’était pas en reste lorsqu’il s’agissait de s’écarter de temps à autres de la doctrine romaine. ‘Ce serait un espoir bien réel pour nous,’ dis-je, ‘car si la France en est, l’Ecosse ne tardera pas à suivre. Marie de Guise n’attendra pas longtemps avant de venir au secours de sa terre natale. Et James pourra oeuvrer aussi, même si il n’apprécie pas énormément sa belle-mère. Avez-vous, de votre côté, des contacts en France ? Ou en Ecosse ? Auriez-vous entendu quoi que ce soit à la Cour qui puisse nous laisser croire que nous avons un secours possible de ce côté ?’
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MessageSujet: Re: family is power } ft. William Cavendish  family is power } ft. William Cavendish Icon_minitimeMar 18 Oct - 12:51
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Ces derniers temps j'étais bien souvent pris dans mes pensées, tentant d'y voir un peu de lumière, sans réel succès. Je ne savais plus quoi faire, à part jouer la perpétuelle comédie à la Cour face à la Reine. Fort heureusement, j'avais quelques nouvelles de la part de mes amis protestants, bien qu'il ne fallait pas non plus que je garde contact avec eux si mon jeu se doit d'être crédible. Cependant j'étais réellement inquiet de la tournure que prenait les actions protestantes, surtout depuis que j'appris qu'Anya en faisait partie. Je la savais engagée certes, mais était assez mécontent de la voir à ce point impliquée. Je ne pouvais m'imaginer vivre seul avec nos enfants, sans leur mère, et je priais notre Seigneur pour que nous soyons sains et saufs. Je pensais aussi à mon frère et ma soeur. Je ne pensais guère qu'ils soient en danger à vrai dire, je m'en étais assuré il y a bien des années. Mon frère étant dans la garde royale, nul ne peut douter de sa foi, pareillement à ma soeur qui était mariée à un catholique, tout était méthodiquement étudié à leur plus grand damne certes, mais pour leur bien.

Quant à ces catholiques, je les exécrais de plus en plus. Je croyais au plus profond de moi que la chrétienneté a dévié dans son chemin que pourtant notre Seigneur a tracé, et qu'il fallait donc revenir sur le droit chemin en applicant strictement les paroles saintes. Le Pape ainsi que ses fidèles sont corrompus jusqu'à leurs os, et ça me mettait en horreur. C'est pour cela qu'il fallait agir, il était temps de profiter de la faiblesse de la Couronne pour attaquer. Cependant on perdait bien trop de nos amis, alors il fallait réfléchir à une autre stratégie, les toucher de l'intérieur était le mieux, d'après moi. Mais la présence de ces viles Espagnols nous compliquait la tâche en réalité. Il fallait à tout prix tout faire pour que la princesse Elizabeth, beaucoup plus censée que sa demie-soeur, s'approche du trône, et pour cela, aucun héritier ne doit naitre, cela briserait tout, et ne ferait qu'agrandir la puissance Espagnole. L'Angleterre semblait s'enflammer, mais la Reine Mary doit s'attendre à brûler en enfer pour ses nombreux pêchés, pour avoir emmener au bûcher tant d'hommes et de femmes honnêtes.

Ce jour-là, en presque toute discrétion, ma chère cousine par alliance Elizabeth, était venue me rendre visite. C'était une femme intelligente, ça c'était indéniable, et savait rester sur la position des Cavendish avec fermeté et honneur. Je la respectait principalement pour cela. Cependant, c'est vrai qu'elle me faisait penser à Antanasya, toutes les deux ayant une certaine férocité dans leur croyances. Je ne pouvais point leur enlever cela, mais ça me faisiat peur, surtout pour Elizabeth qui attendait non pas un, mais deux enfants à naitre au même moment, ce qui était incroyable. Je l'invitais donc à s'installer confortablement, m'assurant qu'elle ait ce dont elle a besoin. Il fallait bien prendre soin des futurs neveux qui était tout d'abord du clan Cavendish, et cela m'importait de voir tout le monde en bonne santé, surtout en temps que Duc et chef du clan. Je m'importais tout aussi bien de notre union, c'est pourquoi il était primordiale de nous entendre sur ce sujet, notre action discrète, avec Elizabeth. J'appris au même moment qu'elle correspondait assez souvent avec Anya, ce qui était une bonne chose, pensais-je. Je fus ravi de la revoir à Londres, et pensait qu'il serait bien opportun de nous retrouver au domaine, tous en famille. "Venez quand cela vous arrange le mieux, vous serez toujours les bienvenue ! Cela faisait longtemps qu'on ne s'était pas retrouvés tous ensemble. Il faut dire que les temps sont dures en vérité, vous le savez.." lui répondis-je presque avec nostalgie. Il est vrai que ces moments familiaux me manquaient, surtout depuis les rivalités incessants et virulents avec la soeur d'Anya ainsi que les remarques de ma propre soeur. De ce qui était de mon frère, je n'avais guère réellement de nouvelles de sa part. "Je vous remercie pour votre invitation, nous n'y manquerons pas, si le temps nous le permet" repris-je juste après. Pour nous protestants, le ciel était toujours d'une couleur grisâtre qui nous rappelait la couleur des cendres de nos amis exécutés sur le bûcher par cette vieille Reine qui était devenue folle. "Fort bien, je compte sur vous, et sur votre discrétion à tous" disais-je simplement en acquiesçant. Je riais suite à ses paroles. "Je ne suis point étonné à vrai dire." repris-je tout en continuant de rire.

Puis nous entrions au coeur du sujet au fil de notre conversation qui concernait bien entendu des choses politiquement incorrectes, dirais-je. "Je l'espère, et cela pourrait nous être bien utile. J'imagine que la Reine lui fait confiance, qu'elles ne changent point les choses" lui répondis-je calmement à propos de lady Radclyffe. Peut-être serait-il intéressant de converser avec elle un jour. "Oh, nous serions fort fortunés dans ce cas ! Mais les choses ne sont pas aussi simples malheureusement. Et seul notre Seigneur, notre Dieu le décide.." continuais-je. "Vous avez raison, c'est pourquoi nous devons nous renforcer cette année, surtout que ces méprisables Habsbourg ont de plus en plus de pouvoir.." Je remarquais son geste touchant. Il est vrai que les enfants à naitre auront connu de terribles temps, nos propres enfants déjà furent témoins du déchirement du Royaume.

Je souriais alors quand elle prononça le nom du fameux bâtard écossais, donc proche de la couronne écossaise, et qui pourtant était protestant. "Cela me réjouis d'entendre cela. Il pourrait nous être d'une grande aide ! Un atout comme vous dites. Cela nous arrange grandement qu'il soit assez populaire, il faudrait lui faire savoir qu'une alliance serait des plus attendues. J'espère que vous pourrez me le présenter un jour" lui répondis-je l'air enjoué.

"Une main tendue d'Henri II ? Cela va nous être difficile, mais si nous pouvons trouver un soutien protestant en France, cela pourrait être un avantage important. Le seul problème est qu'il veut mettre Mary Stuart, sa catholique de belle-fille, déjà Reine d'Écosse, sur le trône d'Angleterre. Cela n'arrange personne.." lui répondis-je tout en réfléchissant. "Ceci dit vous n'avez pas tord, mais malheureusement je n'en ai aucun pour le moment, ni en Écosse ni en France, ma haine contre le catholicisme ayant pris le dessus sur ma sociabilité.. Et je doute qu'un protestant français ou écossais ne se manifeste publiquement. Mais cela n'est pas impossible, j'espère m'y rendre un jour si l'occasion vient. J'effectuerais des recherches de mon côté, et je vous ferais part de mes conclusions." terminais-je, contraint de m'engager vers une voie que jamais je ne pensais voir, mais comme on le dit si bien, les ennemis de mes ennemis sont mes amis.


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