Grace Emily Price

" On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. " TON PERSONNAGE PRÉNOM & NOM ♦ Grace Emily Price AGE ♦ 17 ans. DATE DE NAISSANCE ♦ 10 avril 1535. ORIGINE ♦ Irlandaise. SITUATION FAMILIALE ♦ Descendante d’une riche famille. Petite-fille du comte de Kerry et fille du comte de Clare. Fille unique. N’a pas vu son père depuis des années, et sa mère depuis moins d'un an. MÉTIER ♦ Prostituée. GROUPE ♦ Étrangers. CRÉDITS ♦ Bazzart, Visages du Passé, Echo des Plaines, Tumblr. LE JOUEUR PSEUDO ♦ Appelez-moi Janis pour les intimes. B) AGE ♦ Dans quelques mois, quinze ans. OU AS-TU CONNU LE FORUM? ♦ Au Top des Forums RPG Historiques dans l’annuaire Forumactif. TON AVATAR ♦ Rachel Hurd-Wood. VOTRE PERSONNAGE EST-IL HISTORIQUE OU FICTIF? ♦ Totalement fictif. VOULEZ-VOUS ÊTRE PARRAINÉ? ♦ Nein, danke.

▬ QUELLE EST VOTRE RELIGION ET QUE PENSEZ-VOUS DES CHANGEMENTS RELIGIEUX DU PAYS? ♦ La famille de laquelle je descends étant catholique depuis le plus loin qu’on s’en souvienne, je le suis moi-même, et cela me convient parfaitement étant donné que je suis très croyante. En ce qui concerne les nombreux bouleversements et renversements entre catholicisme et protestantisme, je me sens très concernée et je suis un peu révoltée par tous ces souverains qui peuvent penser avoir droit de vie ou de mort sur tous selon leurs croyances. J’avoue que le protestantisme reste pour moi un mystère, je ne comprends pas trop ce que les protestants trouvent à leur culte, mais si ils préfèrent croire en leur religion, qu’on les laisse tranquille. Après tout, une vie sans croyance est une vie sans rêve ni espoir, voire sans but ni raison. Les catholiques ont beau avoir subi les réformes lors des années précédentes, la situation se retourne à présent en notre faveur, certes, mais ils n’ont pas à mettre en place les mêmes réformes que celles des protestants lors du passé proche.

▬ QUE PENSEZ-VOUS DE LA NOUVELLE REINE D'ANGLETERRE? ♦ Je suis très heureuse d’apprendre qu’elle est catholique, grâce à cela je n’aurai pas de souci à me faire pour pratiquer discrètement et cacher mes convictions personnelles. De plus, Mary Tudor semble avoir une main de fer, qualité idéale à avoir dans la souveraineté de nos jours. Elle a donc tout pour faire une bonne Reine, mais cela ne me suffit pas. Elle me dérange sur deux points. J’ai entendu dire qu’elle serait prête à tout, à sacrifier sa famille si il le fallait pour le bien de l’Angleterre. A ce point là, elle serait même prête à massacrer n’importe qui pour ses ambitions. Cela n’a pas de sens. A quoi servirait de gouverner l’Angleterre si chacun de ses habitant constitue pour elle une menace potentielle à éliminer si cela s’avérait le cas ? Enfin, je lui reproche donc de ne pas laisser vivre tranquille les protestants. Qu’ils puissent pratiquer en paix, certains n’ont sûrement rien contre les catholique, c’est donc totalement injuste de s’attaquer à eux. Tout le monde ne peut pas partager les convictions de Mary Tudor. Et avoir une couronne sur la tête ne l’autorise pas à juger si un être est, selon ses croyance, digne de vivre librement ou pas.

▬ QUE PENSEZ-VOUS DE JANE GREY? ♦ Qu’elle soit protestante m’importe peu finalement ; elle avait l’air tellement faible et influençable que je pense que nous, les catholiques, n’aurions eu absolument aucun problème avec elle. C’est certain qu’elle avait l’air bien plus mauvaise souveraine que Mary Tudor, après tout, peut-être l’Angleterre aurait-elle couru à sa perte sous son règne ridicule. Mais cela n’aurait pas mérité son enfermement aux cachots. Comment une femme aussi insignifiante et aussi peu appréciée que cela par le peuple, aurait-elle pu trouver un moyen de reprendre le trône comme l’a fait Mary Tudor ? Vraiment, les personnes de la nouvelle royauté auraient pu la laisser tranquille, elle aussi. Bien sûr, je ne sais pas vraiment le sort qu'ils lui réservent, bien que je doute un peu d'une énormité comme sa remise en liberté. Qu’ils la tuent si ils veulent, après tout sa vie ne m’importe que peu, mais je suis vraiment contre la manière de penser de ces souverains. Je pense que pour cette femme, le pire est encore à venir. Avec une Reine comme Mary c'est le moins que l'on puisse dire. Pourquoi toujours violence ? Entre fermeté et persécution, il faudrait apprendre à faire la différence.

▬ AGISSEZ-VOUS DANS L'OMBRE POUR VOTRE CAUSE OU VOTRE FOI, SI OUI QUE SERIEZ-VOUS PRÊT A FAIRE ? ♦ Mes croyances peuvent être révélées au grand jour, je n’ai pas grand-chose à craindre. En revanche, si un jour, j’ai l’occasion de sauver un protestant persécuté par les catholiques, je ferai mon possible pour. Après, il est clair que je n’irai pas me jeter devant la Reine et lui dire tout ce que je pense de sa manière de régner, ni même tout faire pour protéger les protestants. Je sais bien qu’à moi seule, je n’aurai aucune chance de bouleverser le système actuel. Je ne tiens pas à mourir inutilement, mais, dans la mesure du possible, il est clair que j’apporterai volontiers de mon aide à quelque camarade protestant dans le besoin, si le risque que je cours n’est pas énorme de façon à ne pas me suicider.

Woman of Ireland

« Bonjour à toi, cher étranger,

Si tu as reçu ce message, que j’ai glissé dans une bouteille avant de la jeter dans la Tamise vers dix heures du soir, c’est sûrement que tu vis proche de l’Angleterre ; je ne pense pas que ce petit contenant en verre ne soit allé bien loin. J’écris dans ce message mon histoire ; afin qu’aux yeux d’une personne, j’existe, afin que quelqu’un puisse avoir un avis sur moi sans réellement me connaître. Une lubie peut-être étrange, sûrement peu commune. Mais cela ne m’a coûté que de voler un peu de papier et d’encre chez le libraire.

Je suis donc née le dix avril 1535, à Tralee, à l’ouest de l’Irlande. Là-bas se trouve le château où vit ma famille depuis des siècles. Bien sûr, si je vous dis le nom « Price », cela doit vous évoquer directement quelque chose, n’est-ce pas ? Je suis bel et bien la descendante de cette riche famille, cette lignée de nobles Irlandais. Ma mère, fille d'Edward Price, comte de Kerry, était son héritière jusqu’à ma naissance. A l’âge de quinze ans, elle fût mariée à un riche jeune homme d’un comté voisin, lui-même héritier d’une autre grande famille. Cet homme, qui s'avérait à peine plus âgé que ma mère et qui pût rétablir la sécurité financière ainsi que l’honneur de ses parents, - car sa famille était en train de plus ou moins sombrer, si je puis dire - était tout de même le comte de Clare. Ce garçon s’enorgueillit très rapidement d’avoir épousé une femme aussi parfaite ; belle, riche, jeune, de plus, elle avait reçu un excellent enseignement et savait lire. Ma famille, faisant parti des plus anciens nobles Irlandais, étant cependant bien plus illustre que la sienne, j’héritai donc du nom de ma mère et non de celui de mon père.

Ma mère avait dix-sept ans lorsque je naquis. Je grandis dans le luxe, faisant partie d’une famille très aisée, et je reçus beaucoup d’amour de la part de ma mère. Enfant, j’étais assez turbulente. D’après mes aînés, mon comportement semblait signifier que je cherchais toujours à ignorer, même à m’enfuir des mœurs, de la bourgeoisie et des limites que l’on m’apposait. Comme un constant besoin de voir ailleurs, de m’aérer et surtout de me sentir libre. J’héritai cependant d’une partie de l’éducation de ma mère, seulement en ce qui concernait la littérature (je n’ai aucune connaissance en sciences, en mathématiques, ou autres). J’appris donc à lire à l’âge de neuf ans. J’héritai également de son goût et de son amour pour les arts, en particulier pour la poésie. Je n’ai jamais écrit de ma vie, mais j’ai toujours béni le Ciel pour m’avoir permis de me régaler de tous ces magnifiques ouvrages. Mon père avait la manie de répéter qu’il trouvait cela pitoyable, mais ma mère, sous mes demandes, accepta de trouver un moyen que l’on m’enseigne la flûte irlandaise. Mon père, pour que ce soit donnant-donnant, voulut également que j’apprenne le clavecin – instrument bien plus prisé par les nobles, à vrai dire, il pensait que la flûte n’était jouée que par les ivrognes et pauvres du comté qui ne vivaient que de leur beuverie. J’eus donc une enfance très heureuse, malgré ce petit détail indiquant mon besoin précoce de fuir cet enfermement, cet étouffement sous des kilos d’or.

Ma mère avait, semble-t-il, le même sentiment que moi. De plus, mon père était insupportable. Il n’avait goût que de choses futiles, et jugeait les envies de liberté de son épouse ridicules et inutiles. Il lui arrivait de la battre. Je n’ai assisté que rarement à une de ces scènes où il ne contrôlait pas sa rage – j’étais heureusement assez grande pour ne pas en être traumatisée. Ma mère fût terriblement lassée, un jour de mai – année où j’avais treize ans – et s’enfuit du château pour se rendre Dieu ne sait où. Je devins ainsi donc la cible des caprices et colères de mon père. Je hais toujours cet homme, que j’aimerais bien considérer comme un inconnu. Il ne m’a jamais bien blessée en me frappant, mais son esprit me répugnait. Un jour du mois de juillet suivant, ma mère, apparemment effrayée pour mon bien puisque j’étais seule en compagnie de ses rudes parents et de son époux violent, revint me chercher. Je repartis donc dans la nuit avec elle, et pour la première fois, je me sentis libre. Je pouvais fouler l’herbe douce et verte, humer l’air de la nuit Irlandaise, me jeter dans des rivières – pas bien profondes, Dieu merci, ç’aurait été tellement stupide que je me noie pour une telle inattention – sans me soucier de ma robe ou de ma coiffure rousse, grimper dans des arbres sans que l’on me rappelle que ce comportement est indigne de la nouvelle et jeune héritière des Price,... Malheureusement, les jours heureux comme celui-ci furent de courte durée. Ma mère n’avait pas apporté beaucoup d’argent et la faim devenait de jours en jour, une affaire de quotidien. Nous fûmes néanmoins rapidement hébergés par le propriétaire d’une maison close à Killarney. Je n’avais que treize ans, je découvris alors un nouveau monde. Je n’ai jamais su si ma mère eût à payer le loyer de cet hébergement au propriétaire en personne d’une manière peu recommandable - quelques indices me firent rapidement douter cependant -, mais elle devint rapidement l’une des prostituées les mieux payées et les plus sollicitées de la maison close.

Ces années furent presque aussi heureuses que mon enfance. Je mangeais à ma faim au moins, mais je n’avais aucun moyen de me procurer des recueils – la littérature étant devenu une réelle passion pour moi. Je réussis néanmoins à m’en passer. Ainsi, mes anciennes manières et habitudes de riche héritière disparurent pour laisser place à un esprit bien plus ouvert et insouciant – ce dont j’avais toujours rêvé. Les années passèrent, jusqu’à mes seize ans. Un matin de mars, je m’étonnai de ne point trouver ma mère dans toute la maison. Le gérant m’apprit qu’elle fût violentée, humiliée, insultée reprise de force pendant la nuit par quelques gens, en particulier par un homme les précédent, un homme « très distingué et richement vêtu, mais ayant l’air odieux et haïssable ». Je sus alors que je ne reverrai pas ma mère de si tôt. J’ignorais pourquoi mon père ne m’avait pas emmenée avec, mais je savais qu’il reviendrait me chercher tôt ou tard. Je décidai alors de partir. J’avais très envie de voir du pays, je voulais particulièrement voir l’Angleterre, surtout Londres. Mon hébergeur, pas vraiment riche mais ne manquant de rien, n’accepta de me donner le moyen de m’enfuir jusqu’au pays, qu’à une certaine condition que je respectai avec empressement. A l’âge de seize ans, je livrai donc pour la première fois mon corps à un homme en échange d’argent. Et puis à un autre. Et puis à des dizaines, jusqu’à ce que j’ai, au bout de quelques mois, rassemblé assez d’argent pour faire le voyage jusqu’à Londres. En tout cas, je n’oublierai jamais le premier homme de qui je pus recevoir l’argent ; jeune homme plutôt. Il avait aussi peur que moi, il avait mon âge et n’était jamais allé voir de prostituées avant. J’aurais presque pu me lier d’amitié avec lui. Je ne garde donc pas une très mauvaise expérience de mes débuts.

Finalement, de tous ces souvenirs de ma vie entière y compris les certaines peines que j’ai subies, je ne me sens pas particulièrement blessée. Au contraire, quoiqu’un peu fragile, je me sens forte, peut-être légèrement rude et assez indifférente à certains sujets – par contre, sensible à d’autres. Mais voilà comment la vie a fait de moi ce que je suis aujourd’hui.

A dix-sept ans, je quittai donc Killarney et quelques mois plus tard me voilà à Londres. Je n’ai pas vraiment beaucoup d’argent. Juste assez pour me loger dans une pièce très insalubre. Je me nourris convenablement et vole chez le libraire quelques livres par mois, en espérant ne jamais me faire prendre. Je n’ai absolument pas l’intention de retourner à Tralee, même si j’ai très envie de revoir ma mère. Afin de couper les ponts à absolument toute trace de mon ancienne vie, je ne me fais désormais appeler que par mon second prénom. Je veux oublier à jamais mon premier prénom. Je ne sais pas si je souhaite rester quelques semaines de plus ou pas à Londres ou entreprendre une vie de bohémienne à travers l’Angleterre et même à travers l’Europe. J’ignore si ce projet est fou ou pas, pourtant je pense que j’aurais toujours de quoi me nourrir après tout. Dans l’immédiat, j’ai un autre projet, que je souhaiterais essayer de réussir avant de me décider à quitter Londres. Je compte plutôt sérieusement suivre le quotidien d’être prostituée que je vivais en Irlande. Je pourrais faire des connaissances, être mieux logée et recevoir de l’argent. Mais mon avenir est finalement plus qu’incertain.


Voilà donc, cher étranger, mon histoire. Comment une héritière ayant tout pour réussir devient une pauvre jeune fille obligée de voler pour survivre. Mais ce qui est sûr, c’est que je préfère mille fois ma liberté, mes rêves et mes espoirs à tout l’or du monde, du moins à tout le luxe que j’ai pu me voir offrir pendant mon enfance.

Emily Price, dix-sept ans. »