La mode selon Londres.

La robe que Jeremy lui avait achetée était vraiment magnifique, Katelina l'adorait. Elle se composait de différent tissus doux et agréable au toucher, dont de la soie, naturellement, et le bleu ciel du tissu épousait les broderies blanches dans une parfaite harmonie. En se regardant dans le miroir, la jeune flamande se sentait comme une princesse. Elle se revoyait admirer les robes de Liesje, l'épouse de son premier employeur et se demander si elle serait belle là dedans. Elle n'osait  que les effleurer du bout du doigt. Elle n'avait pas l'allure d'une dame, ce n'était pas pour elle, voilà ce qu'elle pensait à l'époque. Et pourtant, les robes de Liesje  n'étaient rien comparé à ce qu'elle portait aujourd'hui. Dans ces somptueux tissu tout droit venus de son pays natal, elle ressemblait à ces femmes riches qu'elles avaient pu croiser à Bruges, parfois.  Katelina se sentait comme une princesse dans cette robe, lorsqu'elle l'avait essayé en présence de son mari. Depuis qu'elle l'avait rencontré, la dure réalité qu'elle avait vécue autrefois s'était envolée pour faire place à une part de rêve. Elle n'avait pourtant jamais rêvé d'être lady, elle voyait son avenir bien plus simplement...Jeremy aurait pu être boucher, artisan, ou même ne pas avoir le moindre sou en poche, elle l'aurait aimé. Ce n'était pas pour son titre qu'elle l'aimait comme certains s'amuser à le chuchoter à la cour, quand son époux avait le dos tourné. Tout ces gens qui la voyaient comme une catin qui avait séduit son employeur pour l'argent...Elle se sentait salie rien qu'à savoir que l'on puisse penser cela d'elle. En présence de ces gens, et sans Jeremy à ses côtés, elle ne se sentait plus rien d'une lady. Elle se sentait plus misérable qu'elle ne l'avait jamais été. Parfois elle souhaitait qu'elle n'aie jamais eu de titres, qu'il aie été un simple commerçant. Ce titre, ça rendait les choses tellement plus difficiles. S'il n'était qu'un commerçant, la reine n'aurait que faire de ce qu'il pensait de la religion, les gens seraient moins dur quand ils la jugeraient et surtout, ils seraient plus en sécurité.

Jeremy était parti chasser en compagnie de son fidèle ami Thomas Hertford. Et comme son mari ne rentrerait qu'au soir, Katelina avait décidé de se promener un peu dans les boutiques de la ville. Elle ne voulait pas spécialement acheter, elle n'avait besoin de rien, mais elle aimait regarder. Elle portait la si belle robe bleue que Jeremy lui avait faite amenée  il y a quelques jours.
Elle était rentrée dans une parfumerie et le vendeur lui avait fait essayer quelques parfums. Autrefois, on ne l'aurait même pas laissée rentrer dans ce genre d'endroits. Sa robe, sa coiffure, cela montrait maintenant qu'elle avait de l'argent et lui donnait plus de droits que la grande majorité de la population anglaise. Katelina en éprouvait parfois un certain malaise. Elle n'avait pas mérité ce titre et ces privilèges plus que quelqu'un d'autre et ce n'était juste qu'elle soit mieux traitée par les commerçants que les gens du peuple... Mais le monde était injuste parfois, elle le savait bien et même si Jeremy se battait pour justice, liberté et droits, elle savait qu'il pourrait agir tant qu'il voudrait, il régnerait toujours une part d'injustice sur terre, malheureusement. La jeune lady avait quitté la boutique après avoir poliment dit au vendeur qu'elle reviendrait en compagnie de son mari pour faire son choix sur le parfum à acheter.

Elle avait à peine fait quelques pas quand au détour d'une autre rue, Katelina se retrouva face à Margareth Douglas, la belle comtesse blonde qui lui causait tant de torts à la cour. La jeune fille resta un instant à la regarder, étonnée, ne s'attendant pas à la trouver là. D'un coup, elle se sentit misérable, aussi misérable que si elle se trouvait devant cette comtesse les cheveux dégoulinant de pluie, le tissu de sa légère robe brune de fille du peuple, abimée et déchirée en plusieurs endroits, collée à sa peau s alors qu'elle mendiait sous les ponts brugeois pour pouvoir se payer de quoi survivre. Elle se reprit très vite et fit sa révérence la plus respectueuse.

« Madame la comtesse. », dit elle.

Margareth avait un titre plus haut que le sien et était très proche de la reine. Katelina ne voulait en aucun cas s'en attirer davantage les foudres. Davantage oui, car sans ne lui avoir jamais causé de tort, la flamande était déjà victime de la haine de Margareth à son égard. Si Jeremy apprenait ce que la comtesse lui faisait subir, il risquerait de se laisser emporter par la colère et de lui manquer de respect à elle, ou à son mari puisqu'on ne s'en prenait guère aux femmes, et la reine ne verrait pas cela d'un bon œil. Par amour pour son époux, Kat' préférait subir en gardant son calme. Elle ne voulait pas que Jeremy se fasse du mal par sa faute, elle ne voulait pas qu'il se mette davantage en danger pour elle. Elle avait même  honte d'avoir autant d'ennemis à la cour et ne saurait lui répèter ce qu'elle avait déjà entendu circuler sur elle. Elle se sentirait encore plus salie et mal à l'aise par rapport à lui. Si il savait ce qu'on disait sur elle, il serait blessé dans son orgueil et sa fierté et...C'était sa faute parce qu'elle n'était pas née lady et parce qu'elle n'arrivait pas suffisamment bien à s'intégrer à la cour. Elle préférait lui faire croire que ça allait. Grâce à lui, elle était devenue lady, elle avait accès à la cour. Elle n'allait pas se plaindre...Elle n'était pas à plaindre comparé à d'autres pauvres gens qu'elle avait connu à Bruges. Non elle devait subir, subir en silence. Jeremy avait d'autres problèmes plus importants. Des tas de gens avaient d'autres problèmes plus importants que les commérages de Margareth Douglas.