Quand elle avait appris la nouvelle, la duchesse de Devonshire fut prise d’un fou rire, ce qui étonna son mari. Cependant, pour ne pas éveiller les soupçons et ne pas être accusait de ce crime, elle s’était vite calmée. Du rire, elle était passée à la comédie, feignant la peine. Parce que oui, aujourd’hui, toute l’Angleterre était en deuil. La reine Mary Ière est morte, assassinée, par Dieu sait qui. On ne savait rien, ni du lieu, ni de l’arme du crime et encore moins de la personne qui avait pu commettre ce crime. Tous disaient qu’il ne pouvait être qu’un protestant, mais Antanasya en était certaine, cela pouvait être n’importe qui, un catholique mécontent du mariage de la reine avec Philippe de Habsbourg, ou encore un protestant, qui était contre la politique religieuse de la souveraine. Ils pouvaient tous être coupable.
Antanasya comme beaucoup voulait connaître le meurtrier, non pas pour le dénoncer et obtenir une quelconque récompense, mais pour lui envoyer des fleurs et lui assurer sa protection. Après tout, elle n’allait pas mettre des bâtons dans les roues à la personne qui avait libéré le royaume d’Angleterre. Sa curiosité était grande, si bien qu’elle quitta ses appartements, pour se rendre dans les cuisines. Cette pièce serait le lieu de départ de son enquête.
Dans les couloirs, elle croisa de nombreuses personnes en pleur, des gardes agités, mais aussi d’autres personnes qui préparaient la prochaine succession. Qui serait le souverain du pays ? Sûrement la princesse Elizabeth. Après quelques minutes de marche, la duchesse de Devonshire arriva dans les cuisines et y trouva trois personnes : Luisa del Carmen, Priam d’Anjou et Elizabeth Clinton. Une Espagnol, un Français et une Anglaise, tout trois pouvaient faire de parfait coupable, tout comme de bons témoins. Anya s’approcha de la jolie Espagnole et l’interrogea.

« Est-ce ici que la reine a été tué ? » Demanda-t-elle en quête d’indice.

Elle était dans les Cuisines, interrogeant les personnes présentes, sur les lieux du meurtre, elle voulait tellement savoir qui avait bien pu agir ainsi et tuer la reine. Son pays était bouleversé par cette mort et personne ne l’avait revendiqué, si bien que la duchesse de Devonshire, voulait plus que tout découvrir, si cet acte avait été fait par un protestant. Si elle trouvait la personne, elle la récompenserait sûrement. En effet, maintenant que la reine était morte, Elizabeth Tudor, la protestante deviendrait reine et rétablirait la vraie religion dans leur si beau pays. Enfin, elle serait libre de pratiquer son culte. Cette situation était une chance et ils allaient devoir tous en profiter. Antanasya se trouvait toujours dans les cuisines et avait interrogé les trois personnes présentes, Priam d’Anjou, Elizabeth Clinton et Luisa del Carmen, sur le lieu où avait été retrouvé le corps. Priam d’Anjou parla le premier, disant que la reine ne devait sûrement pas être passée par là, puisque ce n’était pas sa place. Il avait probablement raison, les cuisines n’étaient pas la place d’une reine. Puis Elizabeth Clinton prit la parole affirmant que la reine voulait rencontrer une personne discrète, pour trouver un remède, pour donner un héritier à l’Angleterre et cela dans un endroit discret. Cette personne aurait-elle pu tuer la souveraine ? La reine aurait pu se faire tuer dans ses appartements, ou bien la Chapelle, voilà un endroit discret, qui pouvait faire l’affaire et en plus Mary Tudor aimait prier. Luisa del Carmen amena une nouvelle affirmation en disant que la souveraine aurait pu être tué avec du poison, un moyen discret, mais aussi une arme de femmes. La jeune femme regarda ses comparses féminines avec suspicion, gardant ces diverses idées, puis elle choisit de se rendre jusqu’à la chapelle, pour voir si elle pouvait y trouver de nouveaux indices.
Elle arriva alors dans ce lieu de piété, une petite chapelle catholique, froide, à l’image de la reine.

Après avoir quitté les cuisines, Antanasya Cavendish se retrouva à l’extérieur du palais, dans la Chapelle, qui était peut-être, selon certains dires, le lieu, où avait été retrouvée, la reine assassinée. En y poussant la porte, la jeune femme y trouva trois autres personnes, Alasdair Stewart, Sybille Parker et Margaret Seymour, qui avaient pu très bien voir quelque chose. Non loin de là, elle vit un poignard et une corde qui pouvaient être les armes du crime. Sybille Parker prit la parole la première, pour dire qu’Anne Somerset venait de quitter la chapelle, elle cherchait aussi le criminel de la reine. Cependant, Antanasya voyait en cette femme une excellente empoisonneuse, elle aurait très bien pu tuer la reine, mais pourquoi prendre de tels risques ? En tout cas, si la reine avait été réellement empoisonnée, elle aurait pu fournir son meurtrier. Un Stuart, une Seymour, une empoisonneuse, tous protestants, tous de potentiels meurtriers qui auraient pu en vouloir à la reine et se débarrasser d’elle, pour que l’Angleterre soit libérée. Ils n’étaient pas clairs, comme cet Alasdair, qui était aussi l’amant d’Elizabeth Clinton, les tueurs pouvaient-ils être deux ? Surtout que c’est Elizabeth qui l’avait conduit jusqu’ici. Serait-elle assez fourbe pour envoyer quelqu’un vers son amant et vers la chapelle qui pouvait être le lieu du meurtre. Ils pouvaient tous être coupables, si bien qu’Antanasya ne savait pas où donner de la tête, il y avait tellement de choses, tellement d’hypothèse et pourtant, elle ne pouvait en formuler qu’une, pour être certaine de ne pas se tromper. Elle examina les trois protagonistes et se dirigea vers Alasdair Stewart, pour lui demander :

« Vous êtes protestant et Ecossais, votre amante est Elizabeth Clinton, vous pourriez très bien être le meurtrier de la reine, comme toutes ces personnes ici. Est-ce que vous l’avez tué ? » Après tout, l’homme avait assez de force pour mettre à mort une femme et cela de n’importe quelle manière. Elle se tourna alors vers Sybille Parker, la connaisseuse en poison. « Savez-vous si la reine a été empoisonné, ou bien tué avec l’une de ces deux armes ? » Elle n’alla pas interroger Margaret, elle la trouvait beaucoup trop douce et beaucoup trop fragile pour tuer quelqu’un et pourtant, l’habit ne fait pas le moine, elle en était la preuve.

Faire des accusations, il le fallait, surtout pour retrouver les personnes qui avaient bien pu tuer la reine. Antanasya avait des soupçons sur les personnes qui se trouvaient dans la pièce avec elle. Elles pouvaient toutes être incriminées, l’empoisonneuse, l’amant d’une traîtresse, ou encore une innocente jeune protestante. Elle se posait de nombreuses questions, qu’elle adresse tout d’abord à Alasdair Stewart, qui lui répondit qu’il était avec Elizabeth Clinton au moment du meurtre. S’il était réellement sincère, cela enlevé deux personnes de la liste des suspects. Un homme aurait pu tuer plus facilement la reine, mais une femme déterminée le pouvait tout autant. Elle se tourna alors vers Sybille, qui lui disait que la reine sentait le poison, mais qu’au contraire, les rumeurs disaient qu’elle avait été frappée et qu’elle avait une cicatrice. Un corde et un poignard n’aurait rien pu faire et comme l’empoisonneuse le dit, cela pouvait être un manche, assez ferme pour tuer.
Ces révélations lui apportèrent de nouvelles questions et elle fut sortie de ses pensées par Margaret Seymour qui lui avoua que les serviteurs, qui faisaient circuler ces rumeurs se trouvaient dans la salle de banquet.
Devant tant de possibilité, Anya ne savait pas quoi faire, partir, rester et interroger les personnes, pour en savoir plus ? La salle des banquets pouvaient lui apporter de nouveaux indices pour affiner ses hypothèses et cela lui serait bien précieux. De la liste des suspects, elle pouvait retirer Alasdair et Elizabeth, les amants, mais aussi Sybille, qui était, selon elle une coupable parfaite. Mais qui pouvait être le coupable, si Anne Somerset enquêtait aussi, elle ne pouvait pas être la meurtrière et la douce Margaret Seymour ? Trop douce, trop fragile, elle n’aurait sans doute pas eu la force pour frapper la reine. Il lui restait encore trop de suspects et tellement peu d’indices. Si la reine avait été frappée, le tueur aurait pu utiliser le manche d’une épée, mais aussi un chandelier, tout comme la crosse d’une armée à feu. Pour les lieux, elle n’avait rien vu dans les cuisines, ni dans la chapelle, il était peut-être temps pour elle de partir et de se rendre dans la salle du banquet. Dans cette salle, il y avait de nombreux chandeliers, elle pourrait très bien en trouver un ensanglanté.
La jeune femme partit donc, laissant les trois indicateurs dans la chapelle.

La cour était devenue un lieu lugubre, avec de nombreuses personnes toutes vêtues de noir, des airs tristes, des pleurs. Antanasya Cavendish se devait d’afficher le même air, même si elle n’avait qu’une envie rire aux éclats et organiser un banquet. La jeune femme qui recherchait l’assassin de la reine, pour le protéger, se rendit dans la salle des banquets, pour chercher de nouveaux indices. Une arme, un lieu, un coupable, tels étaient les réponses qu’elle devait obtenir à l’issu de cette journée.
La duchesse, en poussant les portes de la salle y découvrit Mary Sidney. Personne d’autre, pas d’objet, rien. Elle n’avait qu’une chose à faire, l’interroger, pour apprendre de nouveaux indices. Son amie Mary serait-elle assez sérieuse pour lui révéler des indices pertinents ? Anya apprit donc, de la bouche de la blonde, que son mari venait de passer par ici. Avait-il obtenu de bons indices ? Elle devrait le retrouver, pour lui demander ce qu’il avait bien pu trouver. Lady Sidney lui avoua ensuite une chose très intéressante, l’un des chandeliers de la salle a disparu et certains serviteurs en auraient vu un, qui était plein de sang. Ainsi donc, le chandelier serait l’arme du crime ? Si c’était le cas, ses suppositions se confirmaient. Autre chose intéressante, le chandelier aurait disparu au cours de la nuit, pour être retrouvé au petit matin dans les jardins. C’était donc là qu’elle devait aller ! En plus un cheveu roux se trouvait dessus, c’était clair comme de l’eau de roche, le chandelier était l’arme du crime. Anya ne put s’empêcher de rire face à la réflexion de Mary, en effet, la reine a mérité sa mort. Toujours dans le doute, la jeune femme se mit à suspecter la protestante, mais ses soupçons se stoppèrent, quand un serviteur entra dans la pièce. L’homme avait entendu dire qu’elle recherchait l’assassin de la reine, la duchesse se garda bien de lui expliquer ses raisons et écouta la suite. Avec d’autres serviteurs, ils ont essayé de nettoyer le chandelier, en vain, tellement il était plein de sang. Puis il évoqua quelque chose de vraiment intéressant, puisqu’une servante a vu une noble aux cheveux auburn qui a quitté le palais. Les possibilités s’amenuisaient et avec un sourire aux lèvres, Antanasya remercia le serviteur. Maintenant, il était temps de rejoindre les jardins.