Les ravissants rayons du soleil caressaient avec la tendresse d'une mère notre belle Angleterre. Et ainsi, la faisait briller de milles éclats, tout du moins, pour moi. Oui, l'Angleterre était belle, non magnifique était là, le terme le plus approprier pour parler d'elle. Elle était notre commencement ainsi que notre fin. Notre joie de vivre ainsi que la détresse de nos pleures, de nos peurs. Elle était un ensemble. Le tous lié par l'harmonie et la grâce. Mais elle était aussi une fine observatrice. Et elle regardait, siècle après siècle, avec douceur, ses enfants naître et grandir dans une joyeuse allégresse. Puis elle voyait ces mêmes enfants, chéri et aimer se faire la guerre pour des raisons futiles, et parfois incomprises d'elle. Et enfin, elle toisait le sang des Hommes couler et souiller son sol. Mais ce sol se régénérait pour survivre de plus belle à une nouvelle arrivait d'enfant qui, inlassablement, reprenait ce cycle. Ce cycle de destruction. Ce cycle où actuellement, nous nous trouvions. Continuant de nous entre tuer pour une raison ou pour une autre. Le sang avait été à nouveau versé et ceux, à cause de notre chère nouvelle Reine. Le sang avait été versé, et celui de mon frère Edmond en faisant partie. Il en aurait fallu de peu pour que le mien coule aussi, laissant ainsi s'échapper ma vie, mon espoir. Mais j'étais en vie et...je comptais bien le rester encore longtemps. Tout du moins, jusqu'à ce que la bonne Reine soit sur le trône et non cette usurpatrice. Cette Mary Tudor qui était loin de mériter son titre et d'avoir les reines de notre bien aimé Angleterre.

Les ravissants rayons du soleil caressaient avec la tendresse d'une mère notre belle Angleterre. La lumière de ces rayons entraînait sans le moindre effort les personnes durant son fameux parcours. La journée était propice à sortir, à s'amuser, mais plus que tous à sourire, malheureusement pour moi, même une telle journée avait du mal à y parvenir. Mes sourires étaient figés et ô combien faux. Ces derniers étaient programmés et nulles émotions n'en ressortaient. Du moins si...une et une seule. Celle que seul moi parvenait comprendre et percevoir : la lassitude d'avoir encore ce masque à porter. La lassitude d'avoir encore à mentir sur ma personnalité et sur mes désirs comme durant mon adolescence. Oui, j'avais rebroussé chemin, arpentant celui qui avait été mien avant le décès de mon père. Alors... ? Qui devait mourir pour que mon chemin change à nouveau de voie ? Qui devait y laisser la vie pour que jamais plus je ne porte de masque ? Oui...Qui ? Mais c'est là une question des plus simples à répondre pour toutes personnes sachant voir au-delà de mon masque. Malheureusement ils sont peu, voir inexistant. Mais lorsque mon masque tombera, et je puis vous assurer qu'il le fera. Vous verrez. Vous verrez ce qu'il me fallait pour me dévoiler au grand jour. Pour montrer à tous ma vraie personnalité et non celle terne et froide que j'osais arborer. L'arrivée de ce jour, risque d'être bien longue, mais comme on le dit si bien : tous vint à point, à qui sait attendre. Alors...Combien de temps attendrez-vous ? Quelques semaines ? Quelques mois ? Quelques années ? Je ne le sais guère, mais sachez cela : il viendra.

L'astre des plus lumineux qui trônait dans le ciel, m'avait entraîné à l'extérieur, me forçant ainsi à rester sous ses délicieux rayons qui réchauffaient ma peau. Et qui contre toutes attentes, me faisait sourire de ravissement et ceux, pour la première fois depuis que la sentence était tombée. Oui, je souriais et cela, sans me forçait, pourtant, la journée allait avoir tôt fait de m'ôter le sourire. Je marchais sans buts précis entre les merveilleuses plantes, bosquets, fleurs, fontaines, que comportait le fabuleux jardin du palais de Whitehall. Je l'avais plusieurs fois arpentés, seul ou accompagné, mais il faut dire que j'étais toujours émerveillé par les merveilles qu'il recelait. Le jardin était pour une fois peu fréquenté, surement, car c'était là, une heure propice pour se reposer après le repas, ce qui me convenait parfaitement. Malheureusement, même s'il était peu fréquenté à une pareille heure, il l'était tout de même et je pus le remarquer au détour d'un bosquet. Margareth Douglas était ici. Cette femme, qui n'était autre que la cousine de la souveraine. Cette femme qui se doutait que je cachais quelque chose, qui en fin de compte était l'une de mes ennemies. Autant dire que cela eut tôt fait de m'ôter mon véritable sourire, pour le remplacer par un, légèrement plus froid, et faux. Bien qu'il pouvait paraitre totalement vrai. « Très chère Comtesse, me voilà heureux de vous voir. » En parfait gentleman, je déposais sur le dos de sa main mes lèvres, formant ainsi un délicat baiser, puis je me redressais, gardant toujours sur les lèvres un sourire. « Comment allez-vous en cette fabuleuse journée d'été ? » Je voulais lui parler. Je voulais la percer à jour pour pouvoir mieux connaître mon ennemi. Ne dis-t-on pas : sois proche de tes amis et encore plus proche de tes ennemis ? Et c'était là ce que je faisais.

Le soleil observait la scène qui se déroulait sous ses merveilleux rayons, malheureusement la rencontre n'était en rien aussi chaleureuse que cet astre, elle en était plutôt le totale opposé, froide, voir glaciale, même si en apparence il n'en était rien. En effet, je me tenais face à Margareth Douglas, la Comtesse de Lennox, que j'aimais nommer diabolique, bien que je gardais cela pour moi. Après tout, mieux valait que je n'affiche pas trop mes véritables opinion. Je détaillais alors son visage, ce dernier était ravissant et je ne pouvais dire qu'elle n'était pas belle, car ce serait faux. Mais malheureusement, elle arborait cette beauté froide et cruel qu'on les femmes ayant un caractère tel que le sien, ce qui, d'une certaine façon parvenait à gâcher sa beauté. Pour ne pas avoir l'air d'un idiot, planté devant une femme, je me la jouait gentleman, déposant un baiser sur sa main. Baiser qui, et je pus le remarquer au fond de ses yeux, l'avait profondément répugnée, ce qui avait réussi à me faire jubiler intérieurement. Il faut dire, que toutes personnes appréciaient indigner ses ennemis, même si quelquefois ce n'était pas visible, et bien évidemment je n'échappais pas à la règle. Margareth formula alors, une phrase des plus polies, puis une légère révérence. Il faut croire que nous arrivions tous deux a jouer et à porter un masque. Au fond, nous nous ressemblions bien dans un domaine, voir dans deux, et il s'agissait de ceux-ci : la tromperie et les complots. Pas si différent que cela finalement, même si on essayait de le croire.

La seconde phrase qu'elle prononça me fit froid dans le dos, car cette dernière ne concernait autre personne que mon frère, Edmond. Et il faut dire, qu'entendre une personne telle qu'elle parler de lui, me révulsait, m'énervait au plus haut point. Mais mon masque restait impénétrable, énigmatique, tout du moins pour toutes personnes qui n'était pas Margareth Douglas, car cette dernière parvenait à lire mes véritables sentiments comme je parvenais à lire les siens. Comme quoi, deux trompeurs ne peuvent se tromper. « Il est vrai que j'ai été fort peiné de le voir ainsi décapiter, sa tête détacher de son être tout entier. Après tout, n'était-il pas mon frère ? En l'occurrence, la personne que je connaissais le plus au monde ? Mais, avant d'être un frère, il était un traître envers notre nouvelle souveraine Mary Tudor, ce que je ne puis supporter et accepter. Il est tombé bien bas et il a mérité ce que la Reine lui a octroyé, soit, la mort. Donc, chère Comtesse, je me remets en effet très bien du décès de mon frère, car celui qui a été exécuté, n'était rien qu'une pâle copie d'une personne que j'ai connue. Pour moi, mon frère est mort bien avant le jour de son exécution. Mon frère est mort à mes yeux, lorsqu'il s'est détaché de la vraie foi. » Ces paroles déchiraient et tailladaient mon âme, mais il me fallait les prononcer. Il fallait que je me montre le plus convaincant possible et je dois avouer avoir mis beaucoup de conviction dans mes propos, même si, mon cœur chantait une toute autre chanson. Chanson qu'il murmurait intérieurement à mon défunt frère, lui demandant de pardonner mes froides paroles à son encontre, mais elles étaient des plus nécessaires. Margareth avait réussi à toucher une corde sensible et il me fallait lui rendre la monnaie de sa pièce. « Nos passés semblent se rejoindre, se mélangeant presque. Après tout, vous avez tout comme moi eu un être cher qui est décédé dans cette fameuse tour de Londres. Certes, c'était il y a longtemps, mais, la douleur reste la même. » Je parlais bien évidemment de son premier amant, Thomas Howard, ce pauvre homme qui était mort à la Tour de Londres à la suite d'une longue maladie. C'était ignoble de ma pars que d'utiliser cet homme qui ne m'avait pourtant rien fait, mais elle avait touché l'une de mes cordes sensibles et je me devais de toucher l'une des siennes. Il faut dire que nous avions tous deux étaient à bonne école, faisant des recherches sur l'autre et qui sait jusqu'à où ces recherches pourraient nous pousser... Je lui adressais alors un ravissant sourire, qui, comme vous pouvez le deviner était faux. D'ailleurs, tous ceux que je lui adressais en étaient. Elle ne méritait pas un vrai, tout comme je n'en méritais pas un d'elle. Tellement semblables et pourtant, si différents... « Que diriez-vous de poursuivre cette charmante conversation en marchant dans les Jardins ? C'était après tout là, l'activité que nous faisions avant de nous croiser en cette merveilleuse journée. Journée qui en effet, rend avenant. » Je lui proposais alors mon bras, comme tous hommes civilisés que j'étais, mais au fond de moi, cela m'ennuyait fermement de devoir le faire. Après tout, qui aime être aussi proche de son ennemie ? En tout cas, pas moi, mais la seule joie que je pouvais en tirer de cette mascarade, était le fait qu'elle serait tout aussi ennuyée que moi de cela, ce qui d'une certaine façon, nous mettait à égalité.

En regardant Margareth et moi, tous auraient pu penser que s’être croisé dans le jardin était une bonne chose, mais elle et moi, nous ne nous trompions pas et ceux, même avec ces sourires, ces courbettes, ces paroles mielleuses, car oui, tous cela n’était qu’un jeu, un masque, une parade. Jeu auquel tous deux, nous excellions ce qui pouvait expliquer pourquoi nous arrivions à voir sous le masque de l’autre sans une très grande difficulté. Deux trompeurs ne peuvent se tromper et nous étions là l'exemple parfait.

Spoiler:

A cet instant précis, je n'avais envie que d'une chose, m'éloigner au plus vite de cette femme que j'exécrais. De cette femme qui était des plus lucides et qui parvenait donc à voir en moi comme dans un livre ouvert. De cette femme qui se trouvait être un grand danger pour moi, sans le moindre doute, le plus important, car si elle parvenait à prouver mon aversion pour la Reine et les dessins que je mène, il en serait fini de ma courte vie, il en serait fini des Hertford. Cette grande lignée, détruite si elle parvenait à ses fins et je ne pouvais le permettre... Alors je restais à ses côtés, feignant de l'apprécier ou tout du moins de ne pas la détester.

Lorsqu’elle se mit à parler après mes propos concernant la mort d’Edmond, je m’accrochais à ses dires. Il ne me fallait pas m’égarer, car c’était là, le meilleur moyen pour moi de ne pas être touché par ses paroles. Même si je devais avouer qu’elle était aussi vénéneuse qu’un serpent et que ses propos parvenaient à me toucher plus que je ne le pensais. « Vous êtes une bonne observatrice Comtesse, je suis en effet peiné par ses actes, mais je suis certain que cette peine ne saurait trop longtemps durer. Après tout, ce qui est mort, ne saurais revenir, il nous faut donc arrêter de nous lamenter sur le sort des défunts et nous concentrer sur celui des vivants. Bien entendu, il s’agit là d’une chose qui nous est difficile de faire, car les morts, même si nous disons le contraire accapare nos esprits. » D'une certaine façon, je ne mentais pas, car penser aux vivants me semblait des plus impératifs, même si je faisais partie de ceux qui étaient plongé dans les fantômes de leur passé, l'esprit perdu dans de douloureux souvenir en compagnie de mon aîné. Mais j'essayais. J'essayais ardemment de m'en détacher, de cesser de regarder vers l'arrière pour pouvoir entrevoir mon avenir, car il est souvent dit que lorsque l'on s'attarde trop sur le passé on se condamne à ne plus avoir d'avenir et c'était là, ce que je voulais à tout pris éviter.

Après lui avoir parlé de cet homme, ce Thomas Howard qui était mort à la tour de Londres et du fait qu'en quelque sorte, nos passés semblaient se rejoindre, je fus des plus ravie en voyant la bref lueur de répugnance passer dans son regard. Lueur qui comme je l'ai dit est de suite repartie pour laisser place à ce visage froid, impénétrable, tout du moins durant un bref moment. « Si je me suis autant fourvoyé à ce sujet, Comtesse, veuillez m'en excuser. J'ai dû avoir mal compris les propos que j'ai surpris. » Je m'étais incliné devant ses propos pour mieux après, pouvoir me redresser. Je ne comptais pas m'avouer vaincu aussi facilement et si ce sujet ne l'émouvait et ne la touchait pas, j'en trouverais un autre. Je sentais que cette après-midi allait passer comme lors d'un jeu de tennis : nous nous enverrons la balle qui quelquefois sera des plus puissantes, rapide et d'autres fois bien faible voir ridicule.

Lorsque je lui proposas de prendre mon bras pour faire quelques pas, elle accepta, y déposant sa main droite. Nous nous mirent alors à marcher, nos pieds foulant doucement les pavés. Intérieurement la phrase de Margareth me fit sourire. D'une certaine façon ce qu'elle disait était vrai, se balader apportait bien tranquillité et réconfort, mais cela dépendait de la personne avec qui l'on se promenait. Avec elle, la tranquillité, jamais je ne l'aurais. Mon esprit étant sans cesse en effervescence : à la recherche d'une bonne idée, celle qui parviendrait à la faire plier. Quant au réconfort, ce sera loin d'elle que je le trouverais, car à ses côtés, j'étais des plus tendus, voir même énervé. Même si, ce n'était pas chose que je laissais transparaître sur mon visage. « Encore une fois, nous voilà sur la même longueur d'onde. » Constatais-je en gardant le sourire, même si sa compagnie n'était pas chose à faire sourire. « Mais dites-moi Comtesse, que comptiez-vous faire avant que nos chemins respectifs se croisent ? » Curiosité maladive ? Pas vraiment, c’était là, une simple façon que j’avais trouvé pour pouvoir continuer de parler avec elle. Façon qui me permettrait d’en savoir plus par la même occasion.

L'agacement, avait pris une part intégrante dans tout mon être, moi qui avais cru pouvoir passer une journée des plus correctes, sans le moindre problème, je m'étais lourdement fourvoyé et la Comtesse, était là, l'un de ces problèmes qui m'était posé. Car oui, c'était dernière était pour moi, une sorte d'énigme qui avait le don de me faire froid dans le dos. Son regard azuré semblait me transpercer de toutes pars. Ses lèvres joliment dessinées me donnaient l'impression de vouloir me briser, car on le sait bien, les mots peuvent plus toucher qu'autre chose. Les mots donnent du pouvoir à ceux qui les prononcent et apporte la faiblesse à ceux qui les entendent. Fort heureusement, nous étions tous deux dans une joute verbale, ce qui signifie que le pouvoir et la faiblesse ne cessaient de changer de main. Devenant tous deux comme une balle de tennis qui était renvoyé à l'adversaire. Par malheur, au tennis, il n'y a pas de match nul, ce qui signifie que l'un de nous deux se devait de remporter cette joute. Mais la question était...lequel s'en sortirait vainqueur ? Et lequel se verrait perdant ? Il va de sois que chacun de nous espérait être cette personne qui gagnerait, mais la certitude dans un tel jeu était impossible et tous deux, nous le savions que trop bien...

« Je vous l’accorde, il est important de se souvenir de nos prédécesseurs, mais il ne faut pas que cela accapare trop nos pensées, car nous serions alors dans l’incapacité de penser aux futurs générations. Et comme on le dit si bien, quand on s’accroche trop au passé, on se condamne à ne plus avoir d’avenir.»

Je m'étais quelques minutes après, incliné devant Margareth pour ainsi, lui présenter mes plus plates excuses au sujet de ce Thomas Howard que j'avais cru proche, très proche de la Comtesse avant qu'il ne périsse à la Tour de Londres. Même si je m'étais trompé à son sujet, je n'avais pas abandonné la partie. Je dois avouer, ne pas avoir réellement pensé ce que je disais quant au fait de mettre laissé abuser par les racontars. En effet, je me doutais qu'une pars, même infime, de Margareth avait été touché par mes propos, mais elle savait dissimuler ses sentiments, ses émotions et je n'avais donc pas su à quel point cela l'avait affecté. Nous nous mirent alors à marcher, la main de la Comtesse placée sur mon bras. Il est vrai qu'avec toutes les autres femmes j'appréciais faire ce geste, en parfait gentleman, mais avec elle, j'avais l'horrible impression qu'elle avait prise sur moi, comme si le simple fait de me toucher, lui donnait le champ nécessaire pour pouvoir se jouer de moi.

« Il est vrai qu'avec toutes ces festivités, il est bon de trouver un endroit calme, un endroit qui permet de nous retrouver en quelque sorte seul avec nos pensées. » Lorsque j'eus finis ma phrase, Margareth me retourna alors la question. « A dire vrai, je profitais de ce beau soleil, trouvant que c'était là, une chose impensable que de rester enfermer dans mes appartements. » Je lui adressa alors, un sourire que je voulus cordial, bien que, la suite de son discours ne me donna guère l'envie de sourire. « Nous pourrions en effet y aller ensemble. Je dois avouer avoir toujours préféré les petites chapelles aux grandes églises, donc ce serait avec plaisir que de découvrir cette dernière. Et puis, comme vous l'avez si bien dit, je pourrais peut-être, tout comme vous, y trouver la paix intérieure. » Je n'avais ajouté le tout comme vous, seulement pour lui relancer sa pique, car cela signifiait qu'elle n'était pas encore vraiment en paix avec elle-même, mais encore plus, avec Dieu. Chose qui pour elle devait être impensable. « Où donc, La Reine vous a-t-elle dit que la chapelle se trouvait ? »

Can't  find  yourself  lost  in  your  lie.

Lorsque Margareth approuva mes dires au sujet du fait qu'il nous fallait regarder vers l'avenir au lieu de penser au futur, je ne relevais point, non désireux de m'épancher sur le sujet et de lui dévoiler trop de mes pensées. Il me faut avouer, j'éprouvais un respect profond pour la Comtesse qui parvenait sans la moindre difficulté, semble-t-il, à dire une chose de manière anodine en essayant de me faire plonger là dedans. En particulier lorsqu'elle avait dit d'une voix neutre qu'au vu de mon malheureux passé, il ne me fallait pas sombrer dans la vengeance. Parvenant presque à faire croire qu'elle compatissait, mais non, son sourire mesquin me disait le contraire. C'était un vampire, se délectant, au lieu du sang, du malheur des autres et du plaisir de les voir sombrer un peu plus. A cet instant précis, j'aurais voulu poser mes mains autour de son frêle petit cou et le faire craquer pour voir ainsi la vie s'échapper de son être. Mais je n'en fis rien. Comme elle l'avait si bien dit, il ne me fallait pas sombrer dans la vengeance, même si c'était là une chose que je désirais ardemment.

En inspirant calmement l'air frais, je parvins à reprendre mes esprits. Il me fallait rester parfaitement clair, conscient de mes propos et de mes actes. Après tout, il serait malheureux que je me fasse piéger par cette vile Comtesse, non ? Malgré mes pensées pour cela, elle parvint à me piéger en m'annonçant que la Reine lui avait donné connaissance de la présence d'une chapelle non loin d'ici. Autant dire que je me trouvais là dans une cage où je me devais me la jouer docile pour ne pas me plonger encore plus dans ce traquenard. Je rétorquais alors, que j'aimerais fortement la visiter, bien que ce ne fût en rien vrai, car il s'agissait là d'une chapelle catholique et non protestante...Autant jouer mon rôle jusqu'au bout et puis, de toute façon, j'y étais bien obligé sinon cela m'auto dénoncerais.

« Je loge en ville, dans la demeure qui se tient dans notre famille depuis plusieurs générations. Je trouve cela plus reposant que de se trouver jours après jours au Palais entourés par les courtisans. » Au lieu de mal prendre le fait qu’elle m’avait rabaissé en disant que je ne logeais pas au palais, j’avais retourné ses propos à mon avantage. Faisans ainsi sous-entendre, qu’elle n’était autre que l’un de ces courtisans, courtisane dans son cas, qui essayait de plaire à la Reine pour avoir ses faveurs, bien que cette dernière se trouvait être de la Famille Royal, et que je n’étais en rien un courtisan. J’étais absolument ravi intérieurement, qu’elle m’ait tendu une perche, aussi courte soit-elle.

Je ne relevais guère ses paroles, lorsqu'elle annonça l'endroit où se tenait la chapelle, car dans mon esprit, c'était là une chose bien inutile et puis, mon cerveau était bien trop en effervescence pour laisser mes lèvres exprimer le moindre mot. Dans un silence complet nous nous mimes en route et lorsque la chapelle parvint dans mon champ de vision, mon coeur accéléra encore ses battements. C'était décidé, j'entrerais dans la chapelle et agirait comme n'importe quel catholique et lorsque je rentrerais chez moi, je m'excuserais auprès de mon Dieu protestant. Lorsque la Comtesse souffla que nous étions arrivés, je ne pu que hocher la tête, ma gorge étant bien trop serré pour parler. Lentement j'entrais dans la chapelle. Cette dernière était ravissante, mais elle n'était en rien protestante. Nos pas nous firent arriver face à la statue du Christ. Crispé de l'intérieur, je fis le geste de main, passant de la tête, au cœur, pour finalement toucher les épaules une par une, qui se trouvait être accompagné, des propos suivants : 'au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Amen'. Propos que je ne prononçais pas, car je voyais assez souvent des catholiques ne pas le dire, pour ne pas avoir de remord à les prononcer. J'attendis finalement les mouvements de la Comtesse pour savoir quoi faire et comment bien agir.

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