Then you come and ease the pain.

I don't want to lose this feeling

Mes yeux parcouraient doucement le domaine qui m'entourait. Chaque endroit que je venais à regarder, me rappelait un élément de mon passé, mais plus encore, me rappelait Edmond, mon défunt frère. C'était une sensation des plus étranges que de me tenir là où il s'était tenu et de porter le titre qui était à lui avant qu'il ne passe de vie à trépas. Il n'avait pas mérité cette fin, il n'avait rien fait de mal si ce n'était que porter plus haut ses convictions et son désir de protéger la Reine légitime. Oui, il n'avait rien fait pour mériter la décapitation, mais en même temps...qui le méritait ? Sans cesse, me revenait les images de ce qui c'était passé ce jour-là. Milles et unes images me torturaient l'esprit en s'ancrant de plus en plus profondément en moi. Je craignais à force de les maintenir autour de moi de devenir fou. Complètement fou. Mais en même temps, il ne faut pas se demander pourquoi les gens deviennent fous, il faut plutôt se poser la question quant à ceux qui ne le deviennent pas. Car après tous ce que l'on peut perdre en un jour, en un seul instant est une raison de plus pour le devenir. Oui...Il faut nous demander ce qui fait qu'on parvienne à tenir le coup après s'être pris maintes et maintes claques, maints et maints coups de couteaux. Personnellement, je ne savais pas pourquoi je parvenais à tenir. Pourquoi j'arrivais à garder la tête haute et encaisser jour après jour le poids d'un monde qui me semblait bien trop lourd. Pourquoi je parvenais encore à marcher et tout simplement à vivre, alors que la plus importante de mes attaches sur ce monde avait été brisée, coupée en deux.

Soudainement, mes yeux se posèrent sur un élément qui était tout nouveau dans le domaine. Cet élément n'était autre que la présence d'une femme qui arborait une beauté pure et lumineuse et qui se tenait au milieu des jardins de Hertfordshire's House. Il s'agissait sans conteste, de Liliane Lawford, celle que je comptais épouser. Souvent je me demandais pourquoi c'était elle que j'avais choisi alors que mes sentiments étaient portés sur la jeune Katherine Lennox et la seule réponse que me venait était le fait que mon frère, dans sa lettre, avait voulu que je me marie rapidement pour ainsi assurer la prospérité de la famille Hertford et qu'elle ne s'éteigne pas tout simplement après ma mort. Aussi, Liliane, m'offrait une parfaite couverture étant donné qu'elle était catholique, fille de Comte et qu'elle se trouvait pour Mary Tudor. Autant dire qu'elle était tout ce qu'il me fallait pour raffermir l'image que je désirais tant donner de mon personnage, même si, je craignais que si mon masque venait à tomber qu'elle m'en veuille de cette étrange mascarade. Après tout, qui apprécie être utilisé à des fins personnelles ? En tout cas, Liliane, j'étais certain qu'elle n'apprécierait pas étant donné qu'elle avait un caractère pas mal fort.

En souriant délicatement je m'approchais d'elle. Parmi les fleurs elle se trouvait, autant dire que c'était là sa digne place étant donné qu'elle en était une, plus encore, elle était leur souveraine arborant tout comme elles, une merveilleuse beauté et un côté sauvage. Lorsque je parvins à sa hauteur, je m'inclinais face à elle en déposant sur le dos de sa main un doux baisé, puis je me redressais. « Bonjour Milady, appréciez-vous le Hertfordshire ? » J'espérais fortement que ce fut le cas, car c'était là, l'endroit où elle vivrait lorsque devant Dieu nous seront unis. J'avais étrangement hâte de me lier à elle, car quelque chose, un je ne sais quoi, émanait de son corps et m'attirait fortement.

Then you come and ease the pain.

I don't want to lose this feeling

Face à ma futur épouse je me tenais. Il m'était étrange que de visualiser de passer le reste de ma vie avec elle. Non pas que je ne la trouvait pas attirante, car elle l'était, elle l'était vraiment. Mais parce que j'avais toujours été d'un certain côté un romantique, ce qui faisait qu'avant que je ne devienne Duc, j'avais toujours vu un futur mariage dans ma vie comme une réelle preuve d'amour. Je m'imaginais me marier avec l'élue de mon cœur, mon âme sœur, celle qui saurait tous de moi, sans s'en offusquer. Car oui, dans certaines familles le fait qu'un noble écrive n'était pas bien vu et c'était là une partie de moi qu'à mon épouse je désirais dévoiler. Après tout, si nous devions vivre une vie entière avec la même personne, il fallait bien se connaître, non ? Et cette partie de moi, je doutais que je pourrais un jour la montrer à Lilianne et ce, même si en voyant sa façon de parler et d'une certaine façon celle qu'elle avait de penser, je me doutais bien qu'elle n'était pas contre le fait d'écrire. Quoi qu'il en soit, je craignais ce mariage tout comme je l'attendais. Étrange ? Sans doute, mais c'était ainsi ma façon de penser.

« Je suis ravie que ma demeure familiale et le jardin vous plaise, car après tout c'est ici qu'un jour, vous vivrez. » Je lui adressais alors un ravissant sourire, ne faisant transparaitre sur mon visage aucun des doutes qui se trouvaient dans mon esprit. Il faut dire qu'à force de cacher ma véritable nature à mon père, puis à l'Angleterre entière, j'avais l'habitude de dissimuler mes sentiments et mes pensées. Ce dont je pouvais me réjouir en ces temps troublés. « En effet, cela me fait plaisir que de vous avoir sur mes terres, vous embellissez considérablement les alentours. » J'étais là, parfaitement sincère, car il faut dire ce qu'il en est, Lilianne est une jeune femme d'une grande beauté et sa présence semblait quelque peu dissiper le côté lugubre et triste qui régnait sur mon domaine. Côté lugubre et triste que j'étais le seul à remarquer, car plus aucunes personnes de ma famille ne vivait dans la demeure. Mes parents étaient morts, laissant leur titre à mon frère et ce dernier s'était fait tuer durant l'été, me léguant ainsi le titre. Lugubre...Oui...C'était le mot. « Je veux bien passer un moment avec vous, mes affaires peuvent attendre mon retour. » En gardant un sourire sur mes lèvres, je lui proposais mon bras. « Votre voyage s'est-il déroulé sans encombre ? »

HRP:

Then you come and ease the pain.

I don't want to lose this feeling

Sa main pose délicatement sur mon bras, nous avancions entre les fleurs, profitant de ce jour d'automne. Certes les fleurs commençaient à faner, mais cela n'enlevait en rien à la beauté du lieu qui nous entourait, car pour moi, voir toutes ces couleurs orangées, me plaisait fortement. Peut-être aussi, car c'était là, la saison de l'année qu'Edmond appréciait fortement et que grâce à elle, je le revoyais dans chaque recoin du paysage. Tandis que nous marchions tranquillement, je gardais le regard rivé vers l'avant, non sans lui jeter des coups d'oeil à la dérive. Et à chaque coup d'oeil, je n'avais de cesse de me dire que j'étais tombée sur une perle. Un ange. Elle était si douce, paraissant dépourvue de toutes méchancetés, noirceurs, que cela permettait à mon coeur d'être atteint par les tendres rayons qu'irradiait sa présence à mes côtés.

Sa soudaine franchise me surpris quelque peu. Jamais encore je n'avais rencontrée une femme qui posait des questions avec tant de franchises, enfin hormis Marianne qui elle était fort franche. Lilianne semblait oublier toutes les règles de bienséance apprises et étrangement, je n'en avais que faire. Au contraire, cela ajoutait à son charme, car elle était différente des autres femmes. « Une passion ? Et bien, disons que j'apprécie fortement l'équitation, soit le plaisir de la chasse, mais pour tous vous dire, je n'en ai pas vraiment. Et vous ? » C'était un mensonge, mais lorsqu'on a pour habitude de cacher une part de sois, cela devient une habitude qui ne peut être retirée avec facilité. Alors je continuais à mentir, prétendre être un homme que je n'étais pas vraiment, mais non sans regret je le faisais, car je me doutais bien qu'une relation basée sur le mensonge n'était pas une bonne relation, car il venait toujours un temps où la vérité venait à éclater et où cela faisait mal.

Lorsqu’elle parla du fait qu’elle pourrait se plaire dans mon domaine, je ne pu retenir un sourire, car j’en étais soulagé. Après tout, forcer une femme à vivre un jour dans un endroit qu’elle n’apprécie guère, n’est pas là non plus un bon point de départ. A nouveau, sa franchise me cloua sur place, elle me demandait en souriant doucement si je ressentais des doutes à propos du mariage. Autant dire que ce n’était pas là une question à laquelle je m’étais préparé et j’en étais quelque peu perplexe. Prenant une inspiration je finis par dire. « Non, je n’en ai guère, car je suis certain que ce mariage nous sera profitable à tous les deux. » Mensonge. Mensonge. Mais là encore, je ne pouvais dire la totale vérité sans craindre des représailles de la part de ses parents, car je ne savais pas encore si je pouvais être sûr qu’elle n’aille tout raconter à ses parents. Après tout, c’était là la façon d’agir de bons nombres de demoiselles. « Et vous, ce mariage parviendra-t-il à vous satisfaire ? »