On ne peut tout faire par amour...

Katelina & Jeremy

A la lueur de quelques bougies trônant sur un chandelier posé sur la table de bois et de la faible lumière qui s'échappait de grande fenêtre près de laquelle elle était assise, en cette nuit d'un froid hivernal bien courant en Angleterre, Katelina attendait le retour de son mari. Et comme elle ne parvenait que difficilement à rester inactive trop longtemps, elle travaillait, en tentant de faire preuve d'un maximum de concentration, sur un ouvrage qu'elle avait commencé quelques jours auparavant. Voilà ce qu'une vraie lady faisait de ses journées. Coudre, lire, apprendre la musique...Toutes ces choses attiraient beaucoup Katelina qui faisait preuve d'une très grande motivation dans tout ce qu'elle entreprenait. Cela lui tenait à cœur, non seulement parce que c'était passionnant et enrichissant, mais en plus, car elle désirait véritablement avoir l'air d'une véritable lady au même titre que son amie la Duchesse de Devonshire et que les pupilles de la reine Mary. Elle voulait se montrer digne de son mari, et surtout ne pas lui faire honte en public en se comportant différemment des autres femmes de la cour et en se faisant remarquer. Elle souhaitait passer le plus inaperçu possible, ce qui était la meilleure chose à faire quand on était l'épouse d'un ancien partisan du clan Grey qui avait des choses à cacher, et que l'on avait d'affreuses rumeurs sur le dos.
Cependant, malgré sa motivation à vouloir apprendre toutes ces choses raffinées, Katelina ne pouvait s'empêcher de se trouver infiniment moins douée que les autres femmes. Pour l'instant, à la lumière bleutée de la nuit, son ouvrage, qui des roses entrecroisées, lui paraissait plutôt réussi...Mais il était moins bien que ceux qu'elle avait déjà vue réalisé par Antanasya ou par sa fille Henriette. Il fallait sans doute qu'elle prenne l'habitude...Elle avait bien appris à coudre quand elle était petite pour pouvoir raccommoder ces vêtements. Mais ce n'était pas du tout la même chose. Ca avait une utilité, ce n'était pas pour faire joli. La couture chez les nobles n'avait aucune utilité si ce n'est que d'être joli, raffiné, présentable... Toutes sortes de notions qui pour une jeune fille comme elle, qui avait passé le plus clair de son temps à travailler dur pour sa survie, restaient quelques peu abstraites, comme tout droit sortie d'un monde entièrement différent. Tout séparait la noblesse du peuple et le peuple de la noblesse. Elle s'en rendait compte chaque jour, les préoccupations, la vie quotidienne et même la façon de parler, tout séparait ces deux univers... Et pourtant, elle était passée côté noblesse aujourd'hui, elle avait épousé un Lord.

Il se faisait très tard mais Katelina savait très bien résister à la fatigue. Quand elle travaillait à la taverne, parfois, elle devait servir les clients à un rythme effréné jusque très tard et il arrivait qu'ils ne ferment boutique qu'à deux, trois heures du matin. Étonnement, il lui semblait que la fatigue se faisait moins ressentir lorsque l'on travaillait que lorsque l'on s'occupait passivement comme elle le faisait actuellement...Ce qui lui paraissait assez paradoxal puisque la couture était une activité beaucoup moins physique que le service dans une taverne.
Cependant, une chose pourrait sans aucun doutes la tenir éveillée des heures encore : l'inquiétude. Sentiment qui la rongeait quand Jeremy partait ainsi sans dévoiler clairement où il allait et qui serait là, et pourquoi il y allait. Ce n'était pas de la jalousie...Mais bien de la crainte. Crainte que cet autre femme que Jeremy avait épousée avant elle ne devienne trop dangereuse. Cette autre femme s'appelait religion, et Jeremy lui avait toujours été dévoué.
Certes, Katelina aussi s'était convertie au protestantisme. Certes, elle le soutenait dans sa cause. Mais quand il s'en allait ainsi pour ne revenir que dans tard dans la nuit, qu'il refusait qu'elle l'accompagne en prétextant que c'était trop dangereux si on la remarquait...Elle ne supportait pas. Si certaines réunions étaient trop dangereuses pour elle alors elles étaient sans doute trop dangereuses pour lui aussi. Et puis, depuis cet horrible évènement lors de la parade en l'honneur de la reine, Katelina craignait que des mauvaises décisions soient prises par les défenseurs du protestantisme. Elle voulait être mise au courant de ce qui se disait et se décidait, de ce que Jeremy prévoyait, parce qu'elle l'aimait et que, même si elle l'avait épousé en connaissance de cause et qu'elle était très tolérante, elle ne voulait pas qu'il subisse un jour les conséquences de ses actions qui pourraient aller, elle ne préférait même pas y penser, jusqu'à la mort par décapitation.

La jolie brune détourna son attention de son ouvrage quand elle entendit le bruit de la porte qui s'ouvrait puis celui de pas qui se rapprochaient. Elle déposa son ouvrage sur le côté. Elle savait que c'était Jeremy car aucun autre domestiques ne travaillaient encore à cette heure. Le couple n'en avaient pas beaucoup et Katelina n'était certainement pas le genre de femmes à demander à ses serviteurs de rester éveillé pour lui tenir compagnie.
Quand il entra dans la pièce, la faible lumière des chandelles mêlée à celle de la nuit étoilée éclairèrent son doux visage. Katelina se leva et le regarda. Il avait l'air fatigué, éprouvé par sa journée et elle fut peinée de le remarquer. Elle avait bien du mal à se faire à sa nouvelle condition. Pendant que lui travaillait, elle , qu'est ce qu'elle faisait ? Plus rien d'utile... Il prit la parole en premier, lui disant qu'elle aurait pu aller se coucher.

«  Je sais, mais je tenais à attendre à ton retour... », répondit elle. « Comment s'est passée cette réunion ? », demanda-t-elle ensuite ne quittant pas pour autant sa douce étreinte qui lui garantissait un sentiment de parfaite sécurité et de bonheur simple. Elle était si bien avec lui...Pourvu que rien ne se mette en travers de se bonheur.

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PS: J'avais peu de temps devant moi et je tenais absolument à répondre à au moins une personne. Du coup, je n'ai pas relu et j'ai été vite donc ça doit être assez médiocre. U_u Je m'en excuse, je te promet de faire mieux la prochaine fois <3

On ne peut tout faire par amour...

Katelina & Jeremy

A peine eut elle posé sa question que Katelina sentit son mari se raidir. Il se détacha de son étreinte les sourcils froncés, gardant néanmoins ses mains dans les siennes. Elle le regarda dans les yeux, attendant d'autant plus impatiemment sa réponse. Mais compte tenu de sa réaction, elle craignait qu'il ne veuille en fait rien lui dire. Et sa crainte était justifiée.

- Kate, tu ne dois pas me demander cela … Tu ne devrais même pas savoir où j'étais. C'est dangereux, mon amour … 

Elle ne savait pas où il était. Elle savait qu'il était à une réunion, elle ne savait même pas où. Si il lui arrivait malheur, elle ne saurait même pas où le trouver...
Autrefois, il lui parlait davantage. C'était paradoxal, mais quand elle n'était pas sa femme, il partageait bien plus avec elle. Il l'avait initié à sa religion, lui donnait son avis le plus sincère sur tout ce qui se passait. Et lorsque le roi Edouard à qui Jeremy était si fidèle, était mort, il s'était confié à elle dans la langue qu'ils ne partageaient qu'à deux. Et quand les choses avaient commencé à tourner au vinaigre pour Jane Grey, il lui était arrivé encore, de lui parler. A qui se confiait il aujourd'hui, si ce n'était pas elle ? Dans la logique des choses, le mariage devait renforcer davantage l'amour que les deux êtres se portent. Renforcer davantage la confiance qu'il se porte. Autrefois elle n'avait pas le moindre droit de lui demander de se confier à elle. Et pourtant il le faisait. Aujourd'hui elle était sa femme, - certes, elle n'aurait pas la prétention de dire qu'elle avait le droit d'exiger de lui qu'il se confie à elle , mais dans la logique des choses...Le mariage était pour un mieux. Il ne pouvait de toute façon pas tout garder pour lui. Elle voulait lui témoigner son soutien...Comment pouvait elle le faire, comment pouvait elle l'aider, si il refusait de lui parler ?

- J'ai bien conscience du danger que tu encoures, c'est pour cela que je te demande ce qu'il en est. Une épouse doit soutenir son mari...Comment pourrais je te soutenir si tu ne me met au courant de rien ?

- Je ne veux pas que tu sois accusée de quoi que ce soit … si jamais on m'arrêtait. Tu ne dois rien savoir, Kate … Cela vaut mieux.

Son ton était presque catégorique, elle sentait bien qu'il désirait clore le sujet à cet endroit. Avec tout ce qu'il avait fait pour elle, avec tout l'amour qu'il lui portait, il serait mal avisé qu'elle se plaigne ou qu'elle insiste pour que son mari lui parle des affaires qu'il menait plus qu'il ne le faisait...Ah , les choses seraient tellement plus simple s'il lui parlait comme autrefois sans qu'elle doive trouver la force d'insister. Car elle était incapable de vivre dans l'ignorance des dangers auxquels s'exposait son mari. Elle craignait pour lui  et, on le voyait bien quand lui même parlait d'arrestation éventuelle,  à juste titre. Si il devait un jour être arrêté comme il le disait, elle priait Dieu pour que cela n'arrive jamais, il voudrait qu'elle ne sache même pas dans quelles circonstances cela s'était passé ? Qu'elle n'aie même pas sa version des faits ? Qu'elle soit au même titre que des tas d'autres étrangers, ignorante face à la situation ?
Il lui disait qu'elle ne devait pas lui demander cela, qu'elle ne devrait pas savoir ce qu'il faisait. Son devoir était il donc de ne rien savoir et de ne pas demander ? Et bien, si les autres lady vivaient bien en s'occupant à la couture pendant que leurs maris menaient des actions dangereuses dont elles ignoraient tout, soit. Elle en revanche, ne pouvait supporter cela passivement. Katelina resta silencieuse un instant. Elle en pensait beaucoup, mais en disait peu. Elle préférait réfléchir avant de parler. Trouver les bons mots. Et la force de le faire. Il lui en faudrait, de la force, pour contredire l'homme de son cœur.

-A quoi donc as-tu pu t'occuper en m'attendant, ma douce ? N'était-ce pas trop long ? Et ta journée ?, demanda t il, changeant radicalement comme elle l'avait pensé, de sujet. Katelina soupira.

- Si je ne te répondais pas, tu serais inquiet, pas vrai ?,  demanda t elle d'une voix douce, avant de lever les yeux vers lui. Elle savait que sa question- mais ce n'était pas vraiment une question car elle n'attendait pas de réponse - le prendrait au dépourvu, lui apparaîtrait comme étant déroutante. Car cette question semblait à première vue être un test et qu'elle n'était pas du genre à le tester. Et ceci n'était en vérité aucunement un test. Elle souhaitait juste qu'il se mette une seconde à sa place pour qu'il comprenne son besoin d'en savoir plus. -Tu te demanderais ce que je peux bien te cacher, si je mène moi aussi des actions en secret, si je suis en danger...Tu voudrais sans doute savoir ce qu'il en est.., dit elle en retournant près de la fenêtre où il l'avait trouvée en rentrant. Je n'ai rien fais de particulier aujourd'hui...Et mes journées sont longues car chaque seconde passée loin de toi, sans en plus savoir où tu es, me paraissent durer une éternité..., dit elle en lui adressant un léger sourire qui avait quelque chose de mélancolique. Elle observa un court instant le ciel étoilé avant de se tourner à nouveau vers lui. - Je ne te demandes pas de tout me dire de ce que tu fais, je voudrais juste être au courant de la situation et de ce en quoi tu t'impliques...La reine ne peut pas lire dans mes pensées. Et elle n'aura jamais ce pouvoir. Que tu me parle des réunions ou non, elle n'en saura rien. Je n'ai besoin de répéter ce que tu me dis à personne, je ne l'aie jamais fait et je ne le ferais jamais.

Elle le regardait dans les yeux en toute sincérité. Il lui semblait qu'il lui faisait davantage confiance autrefois... Et pourtant, elle ne trahirait jamais sa confiance, sous aucun prétexte. Ne pouvait il pas le comprendre ? Son dévouement n'était il pas suffisant pour qu'il la tienne au courant des événements plutôt que de la laisser s'imaginer, dans l'ignorance, toutes sortes de scénarios à en perdre la raison ?

On ne peut tout faire par amour...

Katelina & Jeremy


« -Kate, ma chérie, je comprends que ce soit difficile, mais je dois te protéger avant tout. Et même si cela m'attire ton ire, je dois le faire. C'est mon rôle de veiller sur toi … et peut-être un jour sur notre famille. » 

Fonder une famille, voilà une chose qui faisait rêver Katelina depuis bien longtemps. Elle s'était toujours senti faite pour être mère un jour et cela n'avait jamais changé.
En fait, ce désir était encore plus fort aujourd'hui car elle voulait donner un fils à l'homme qu'elle aimait, un enfant qui serait une part d'elle et de lui. Mais aussi car elle se sentait prête pour l'être.
Ne rien faire d'utile de ses journées à part se divertir était étrange pour elle qui avait toujours travaillé et n'avait eu que peu de temps à consacrer à sa personne. Élever un enfant donnerait un sens à son quotidien. Cela ne faisait que quelques mois qu'elle était l'épouse de Jeremy, elle n'avait donc pas encore trop à s'inquiéter de ne pas être enceinte. Elle espérait que cela ne tarderait pas trop. Peut-être l'était elle même déjà, sans le savoir...La seule chose qui l'intriguait et l'angoissait même un peu était l'attitude qu'adopterait Jeremy ensuite. Est ce que cela calmerait un peu son tempérament de révolutionnaire ou au contraire, pas du tout  ?
Elle appréciait savoir que Jeremy souhaitait la protéger. Elle s'était toujours sentie en sécurité avec lui. Mais elle ne voyait pas les choses de la même manière. Si ils étaient mariés, ils devaient prendre les risques ensemble. Elle ne voulait pas lui laisser porter tout sur ses épaules.


- Katelina, si jamais ils pensent qu'en tant que mon épouse tu détiens des informations, je n'ose même pas imaginer le genre de traitements que tu pourrais souffrir pour te faire parler. Si tu ne sais rien, ils te laisseront tranquille... Tu comprends ?

Il essayait de la protéger, encore et toujours, et cela la touchait. Cela montrait bien qu'il tenait à elle...Mais elle aussi tenait à lui. Y pensait il seulement ? A quoi cela rimait il d'être marié, si c'était pour vivre caché de l'autre ?Elle était directement liée à lui, quoiqu'il fasse elle en subirait les conséquences. Elle le savait et l'acceptait. Tout ce qu'elle désirait c'était qu'on la mette au moins au courant de ce qui se passait.

- Tu ne me mettrais pas en danger ! Ils viendraient quand même m'interroger même si je ne sais rien, Jeremy. Ils croiront que je sais probablement des choses  parce qu'ils ne sont pas censé savoir si oui ou non tu me mets au courant de ce que tu fais ! Si cela venait à se passer, si tu venais à être arrêté, la seule chose qui ferait la différence aux yeux des hommes de la reine serait uniquement l'impression que je leur donnerais.  Il ne faut pas être innocent pour passer entre les mailles du filet, il faut avoir l'air de l'être. C'est tout ce qui compte. Et je peux très bien avoir l'air de ne rien savoir sans que ce soit la réalité !


Il y eut un silence durant lequel elle se demanda si elle n'avait pas parlé trop fort. Elle ne craignait pas d'être entendue, le problème n'était pas là...De toute évidence, il était le seul dans leur demeure à la comprendre lorsqu'elle parlait dans sa langue maternelle.
Elle se demandait simplement s'il ne percevrait pas le ton de sa voix comme un manque de respect. Elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle ne le respectait pas ou qu'elle ne le respectait plus, ce n'était pas du tout vrai. Elle essayait juste de le raisonner, de lui exposer ses arguments...Elle voulait le convaincre oui, même si elle aurait préféré ne jamais avoir à le faire, même si elle aurait préféré qu'il lui parle tout naturellement de ce qui se passait aux réunions.

 - Trouvons un compromis …Je ne supporte pas de voir si loin de moi, en pensée comme physiquement, dit il en s'approchant d'elle, brisant le silence.

Elle le regarda dans les yeux. Il avait l'air fatigué...Elle n'avait peut-être pas choisi le moment idéal pour engager cette discussion, mais le sujet était venu spontanément. Elle avait passé la journée à s'inquiéter et puis, depuis qu'ils étaient mariés, ce n'était jamais le bon moment pour parler de cela...Elle revint vers lui, et posant délicatement ses mains sur son torse, le regarda dans les yeux.

- Je ne suis pas loin de toi, lui assura t elle, de sa voix naturellement douce. J'ai juste besoin de savoir ce dans quoi tu t'engages...Et je sais que tu as besoin d'en parler toi aussi. Tu ne pourras me garder éternellement dans le secret car c'est la seule chose qui nous éloigne l'un de l'autre...Je voudrais juste que tu me préviennes lorsque tu t'engages dans quelque chose, lorsque des décision importantes sont prises...C'est tout ce que je te demandes. Et je te promets que je saurais donner l'impression de ne rien savoir. Personne ne saura que que je suis au courant de ce dont tu voudras bien me parler, personne sauf toi et moi.  

Durant tout son discours, Katelina avait regardé son mari dans les yeux, parlant avec une sincérité perceptible à la fois dans son regard et dans le ton de sa voix. Ce qu'elle demandait ne lui paraissait pas être grand chose, mais elle savait que pour son mari, c'était beaucoup. Et elle détestait avoir le sentiment de lui en demander trop...Mais dans le cas présent, elle ne pouvait faire autrement. Elle l'aimait trop que pour pouvoir rester dans l'ignorance plus longtemps.

Finalement, quand il s'agissait de la sécurité et du bien-être de Katelina, Jeremy avait bel et bien l'impression qu'il lui était difficile de raisonner calmement. Il était habituellement moins anxieux, inquiet. Mais quand il réfléchissait aux risques que prenaient Katelina, en étant son épouse, il perdait tout sens commun et ne pouvait que penser à l'horreur de la situation si jamais il arrivait malheur à Kate. C'était là quelque chose qui le tourmentait tant et si bien que Jeremy Wyckham ne réfléchissait plus avec la raison qu'il aurait pourtant dû manifester. Il était après tout un homme adulte, un Lord, dirigeant son domaine et sa famille depuis longtemps maintenant. Et pourtant … Pourtant, ce n'était pas si facile quand on avait pareilles émotions et qu'on était l'époux qu'avait choisi une femme comme Katelina. Étrangement, il avait moins d'inquiétudes concernant ses sœurs et sa mère, car il pensait qu'on les laisserait plus facilement tranquilles, surtout qu'elles étaient loin de Londres. Mais Kate, cette ancienne servante flamande ? Rien ne la protégerait si il n'était pas là pour le faire, pensait-il. Et cette seule pensée lui faisait horreur et révélait en lui les plus grandes inquiétudes qu'il ait connu depuis des années.

La vigueur des propos de sa femme l'étonna presque. Katelina semblait tellement prête à le défendre et à défendre son point de vue. Elle voulait apparemment faire partie intégrante de la vie de Jeremy et donc de la lutte qui prenait tant de temps au Wyckham. Pouvait-il le lui reprocher ? Bien entendu, non. Pour autant … Comme il était difficile. Il oscillait entre l'envie de satisfaire sa jeune épouse -si jeune encore et si loyale, il le savait- et la raison qui lui commandait de ne surtout pas céder, sous aucun prétexte. Car même si Katelina avait de bonnes intentions, il savait, lui, que la Reine pourrait se montrer très cruelle pour installer définitivement son pouvoir et alors, elle ne ferait qu'une délicieuse bouchée de la jolie Katelina Wyckham.

Bien sûr que sa jolie épouse pouvait paraître innocente : elle l'était, purement et simplement et n'était en rien responsable des actes de son mari qui ne la consultait jamais avant de s'engager un peu plus dans ce processus. Pourtant, Jeremy se doutait bien que la Reine et ses sbires n'auraient rien à faire des dénégations d'innocence de la jolie Kate. Malheureusement …
La façon dont s'était exprimée Katelina avait été emplie de vérité et de douleur aussi et pendant de longues secondes, Jeremy ne sut quoi répondre. Que dire, que dire ? C'était tout simplement si difficile, cette situation, que le jeune homme aurait parfois voulu se réveiller et se rendre compte que tout cela n'était que cauchemar. Mais cela n'arrivait pas et chaque matin, il se rendait compte un peu plus de la difficulté de la tâche et de la mission qu'il avait lui-même choisi.

Les yeux un peu hagards, il vit le regard poignant de sa femme, la sincérité de ses paroles et il eut l'impression de sentir son cœur saigner. Secouant la tête, Jeremy semblait complètement perdu. « -Je ne sais pas, Kate … Je dois … Réfléchir, je crois ! ». Et il était si fatigué. Si épuisé. De sa vie si compliquée, il n'en pouvait plus. Fermant les yeux, il attira sa jeune épouse contre lui, dans une étreinte qu'il espérait salutaire. « -Je suis las de me battre, parfois, Kate … Contre la Reine, contre les catholiques … pour ma Foi... Et même contre toi. C'est difficile... ». Il semblait avoir soudainement vieilli. «-Je te fais confiance, ma chérie mais ... » Il n'arrivait pas à trouver les mots, la fatigue semblant le dépasser. « -Ecoute, je te promets d'y réfléchir et que nous en reparlerons très vite … Demain ? ». C'était tout ce qu'il était en mesure de faire.

HJ: je te propose une petite ellipse temporelle jusqu'au lendemain ?

On ne peut tout faire par amour...

Katelina & Jeremy

Jeremy resta silencieux un court instant. Le discours que Katelina avait prononcé semblait l’avoir pris au dépourvu. Il secoua négativement la tête, d’abord lui disant qu’il devait réfléchir. Puis, fermant les yeux, il l’attira contre lui. C’est à ce moment là que Katelina se sentit coupable. Son mari avait déjà tant de choses en tête, probablement plus de problèmes qu’elle ne l’imaginait…Il semblait être mort de fatigue, il lui parut si las de se battre, et étrangement faible en cet instant, c’est pourquoi elle s’en voulut d’avoir choisi ce moment pour discuter. Ce n’était de toute évidence pas le bon, mais elle avait agit égoïstement, n’en pouvant plus d’être laissée dans l’ignorance, ayant véritablement besoin de savoir ce qui le perturbait à ce point et dans quel danger il  s’engageait. Parce qu’elle l’aimait et que, même si elle était touchée par ses manœuvres pour tenter de la protéger de tout cela, elle ne pouvait se résoudre à rester constamment en dehors de la vie politique.
Elle le laissa se rapprocher d’elle dans cette étreinte et, comme parfois le silence vallait mieux que les mots, elle ne dit rien.
« Je suis las de me battre, parfois, Kate…Contre la Reine, contre les catholiques…Pour ma foi. Et même contre toi. C’est difficile… », lui annonça-t-il.
Elle ne l’avait jamais entendu parler ainsi. Lui qui était toujours si sûr de lui, si investi dans la cause qu’il défendit. Si têtu. Elle en fut très touchée car dans ses paroles, il dévoilait véritablement son ressenti, il se confiait à elle, comme autrefois…Il savait à quel point c’était difficile. Ca devait forcément l’être pour que Jeremy le dise. Elle aurait voulu dire qu’elle le comprenait, et qu’elle n’y avait pas à se battre contre elle, qu’elle n’était là que pour l’aider. Mais leur étreinte silencieuse se chargea de le faire pour elle.
« Ecoute, je te promets d’y réfléchir et nous en reparlerons très vite…Demain ? », proposa t il finalement.
Katelina releva la tête vers lui et le regarda. « Bien sûr, tu dois être fatigué… Je suis désolée de ne pas y avoir pensé plutôt. C’était égoïste de ma part. » Se haussant sur la pointe des pieds, elle déposa un tendre baiser sur ses lèvres.


Ce sont les doux rayons du soleil qui réveillèrent Katelina le lendemain matin. Ouvrant les yeux, la première image qu’elle vit fut celle de son mari, toujours paisiblement endormi. Il n’y avait aucune manière plus belle de commencer sa journée qu’en le voyant lui à ses côtés. C’était bien souvent le cas d’ailleurs, car Katelina était du genre à se lever tôt, une habitude qu’il lui était restée de sa vie passée de servante. Cela dit, il était déjà arrivé que Jeremy soit déjà parti à son réveil, et dans ces moments là, elle sentait un vide l’envahir. L’embrasser pour le saluer, lui souhaitait une bonne journée en jouant avec ses belles boucles blondes…C’était des petites choses mais cela comptait pour elle. Cela égayait sa journée et l’aidait à mieux vivre son absence, quand il devait partir. Elle resta un instant près de lui, son visage posée contre le torse de son mari, fermant les yeux et écoutant sa respiration et les battements de son cœur. Douce mélodie que c’était, de savoir la personne que l’on aimait en vie, et proche. Elle se leva finalement après avoir déposé un doux baiser sur la joue du lord protestant et repoussa délicatement les couvertures pour se diriger vers la coiffeuse, dans le coin de la chambre, et brosser sa longue chevelure foncée.  Il ne fallut pas longtemps pour qu’elle le voit s’éveiller à son tour, grâce à son reflet dans le miroir. Elle abaissa sa brosse à cheveux, cessant temporairement de se coiffer, et tourna la tête vers lui.
« Bien dormi ? », demanda-t-elle aimablement.


// Je m'excuse sincérement pour le retard, mon pc était tombé en panne et je n'avais aucun moyen de prévenir :/

Le soulagement envahit Jeremy comme la marée le fait des plages. Oui, Katelina le comprenait et était auprès de lui, il le sentait dans l'étreinte douce qu'elle venait de lui offrir, comme si c'était là un meilleur soutien que tous les mots. Le jeune protestant avait besoin de cela, de cette présence affectueuse, qui ne posait pas de questions auxquels il ne pouvait pas répondre. C'était suffisamment difficile de toujours craindre pour la vie de Katelina … Il aurait voulu qu'elle soit en sécurité pour qu'il n'ait qu'à penser à son action et ce en quoi il croyait. Mais se priver de Katelina, il s'en sentait incapable. D'autant plus qu'il aurait été près à parier que sa jeune épouse aurait catégoriquement refusé pareille chose. Pas le style de Katelina, effectivement, de partir en laissant son époux dans la tourmente. Le message que voulait lui faire passer son épouse, très certainement, c'était d'ailleurs cela : ils étaient à deux, pour le meilleur et pour le pire et si le pire devait commencer maintenant, Katelina serait là. C'était en fait une manière de renouveler les vœux de leur mariage, mais le jeune protestant était tellement préoccupé qu'il n'avait pas compris ou su réagir, face à cette demande de la part de Katelina. Il s'en voulait un peu maintenant, mais cette culpabilité partit complètement en entendant les excuses de sa jeune épouse. Certes, le moment n'était pas le meilleur pour discuter. Soulagé, Jeremy et sa jeune épouse allèrent se coucher, essayant de ne pas être troublés dans leur rêve par la réalité

Avant de s'endormir, Jeremy pensa combien il était doux de pouvoir être serré contre Katelina, dans leur lit conjugal. Celui où ils allaient concevoir un héritier … mais ce ne serait sans doute pas ce soir, car le jeune homme s'écroulait de fatigue et après un dernier regard à sa jeune épouse, Jeremy se laissa partir dans le sommeil, comblé par la simple présence de Katelina auprès de lui.


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Quelques heures plus tard, ce fut la sensation de manque qui fit se réveiller Jeremy. Il avait senti le doux corps de Katelina lui échapper irrémédiablement. Voulant profiter quelques secondes ou minutes encore de la sensation de bien-être, le jeune homme n'ouvrit pas les yeux tout de suite. Il profita de cette impression de langueur et de bonne humeur. Mais bientôt, les bruits d'une femme à sa toilette le convainquirent d'observer ce qui se passait dans la chambre conjugale. Ouvrant les yeux, Jeremy s'assit dans le lit et observa sa jeune femme qui se brossait les cheveux. Lorsqu'elle se retourna pour lui demander comment il allait, Jeremy rejeta les couvertures et se rapprocha d'elle. « -Je ne dors jamais aussi bien que lorsque tu es près de moi, Katelina... ». Ceci dit, il se pencha pour déposer sur les douces lèvres de son épouse un léger baiser, puis un second, plus approfondi. « -Et toi, ma chérie, as-tu bien dormi ? ». Les petits mots affectueux, Jeremy n'en était pas avare, mais malgré tout, il ne les utilisait pas si souvent que cela. Il appréciait de prononcer le prénom de son épouse, Katelina, dont chaque syllabe lui rappelait cet être tant aimé.

Mais Jeremy n'avait pas oublié ce qui s'était passé la veille. Et posant une main sur l'épaule de sa jeune épouse, il lui glissa à l'oreille. « -Je te prie de m'excuser pour hier … Sache que j'ai toute confiance en toi. » Il n'en dit pas plus, se contentant de jouer avec la chevelure de la jeune femme, puis, prenant la brosse, de donner quelques coups de brosse le plus délicatement possible. Ces moments d'intimité se faisaient bien trop rares ces derniers temps, malheureusement …

HJ: Aucun souci !

On ne peut tout faire par amour...

Katelina & Jeremy

« Je ne dors jamais aussi bien que lorsque tu es près de moi, Katelina… », lui répondit son mari, repoussant les couvertures pour sortir du lit. Il s’approcha d’elle et vint l’embrasser. La jeune femme prolongea son baiser avec tendresse, avant de lui sourire.

Parfois, Katelina avait l’impression de vivre un rêve. Jeremy était tout ce qu’une femme pouvait souhaiter trouver chez un homme ... Et c’était elle qu’il avait choisi.
Parfois elle se demandait comment cela était possible, qu’il lui ait posée cette question si improbable, à elle, sa servante. On dit que toutes les bonnes choses ont une fin…Et ca avait toujours été le cas dans sa vie. Elle espérait que son mariage avec Jeremy ferait exception à la cruelle règle.
Parfois elle se demandait s’il y avait une raison à tout cela… Elle n’avait rien pourtant rien fait de si admirable pour mériter ce destin…Elle n’allait pas s’en plaindre, mais quand elle y pensait, elle trouvait cela tellement incroyable qu’elle se posait ce genre de questions philosophiques futiles.

« Oui. Toujours lorsque je suis près de toi.», répondit elle le sourire aux lèvres, quand il lui demanda à son tour si elle avait bien dormi. Comment ne pouvait-on pas profiter d’un sommeil parfait sur un lit comme celui là ? Il était immense et si confortable comparé à tout ce qu’elle avait connu avant…La noblesse avait ses avantages, on ne pouvait le nier. Cependant, elle avait toujours été habituée à se lever tôt et à dormir peu, malgré la fatigue due au travail. Alors maintenant qu’elle n’avait pratiquement plus rien à faire de ses journées, dormir semblait presque un luxe, quelque chose de superflus…Quand elle aurait des enfants, ses journées seraient sans doute plus mouvementées et dormir deviendrait plus sensé. Il lui tardait d’en avoir.

Jeremy posa une main sur l’épaule de Katelina.

« Je te prie de m'excuser pour hier … Sache que j'ai toute confiance en toi. », lui glissa-t-il à l’oreille.

Katelina lui sourit, ravie de l’entendre dire cela. Elle n’avait pas oublié leur conversation de la veille, mais elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui en reparle lui-même, et si vite. C’était une agréable surprise.

« Je t’en remercie », répondit-elle. Elle passa une main dans ses cheveux et approcha son visage du sien afin de l’embrasser. Elle adorait ses cheveux. Blond et bouclés. Comme les anges tels qu’on les représentait sur les peintures.

«  Est-ce que cela signifie que tu vas dorénavant me mettre au courant de ce en quoi tu t’investis et de ce qui se dit aux réunions ? », demanda-t-elle, pleine d'espoir, une fois le baiser rompu.


PS : Encore désolé pour le temps de réponse, avec les exams, c'est pas évident et j'devais aussi répondre aux events :/
Et au fait, je pense que tu as oublié d'aller voir le lien que je te proposais avec le scénari de mon DC sur ta fiche lien, parce que tu ne m'y a pas répondu ^^'

Être un époux n'était pas aussi facile que ce Jeremy avait imaginé. En effet, il avait ri au nez de sa mère, quand elle lui avait dit que le mariage changeait un homme. « -Jamais Mère ! » avait-il répondu, avec un sourire malicieux. Son amour pour Katelina était certain, mais pour autant, il se refusait à abandonner idéaux, idées et habitudes. Non, pareille chose n'arriverait pas. Force était pourtant de constater qu'après quelques mois, ils n'avaient plus vraiment le choix, lui comme Katelina. Il fallait s'adapter, en permanence, à cette nouvelle situation qui était la leur. Cela demandait à chacun des efforts, mais le jeune homme devait bien avouer que pour le moment, c'était surtout sa chère épouse qui avait fait les efforts demandés. Lui-même n'en était qu'aux balbutiements et c'était visiblement cette fois à lui de faire le premier pas.

Jeremy avait bien dormi, effectivement, comme il l'avait confié à sa jolie épouse. Mais dès le réveil, il avait été assailli par les souvenirs de la discussion de la veille, avec son épouse. La jolie et douce Katelina avait sorti les griffes et lui avait bien fait comprendre qu'elle ne supporterait pas plus longtemps d'être tenue à l'écart de la vie de Jeremy. Il fallait qu'il prenne des décisions, sincèrement. Mais lesquels prendre ? Jeremy Wyckham était face à un dilemme : entre sécurité et confiance. Qu'allait-il choisir ?

Il ne le savait en vérité pas lui-même quand il commença à parler à son épouse, de bon matin. Katelina sourit, ravie, apparemment, des efforts de son époux et face à ce spectacle, Jeremy se dit qu'il pouvait bien faire quelques petites entorses à ses règles pour le bonheur de Kate. Il était parfois très compliqué de savoir là où il fallait s'arrêter. Et c'était le cas par rapport à la place qu'il acceptait de donner à sa femme. Ce n'était pas respectueux de Katelina, de ne l'informer de rien, d'être comme un fantôme dans sa propre maison. Il ne l'avait pas épousé -malgré le scandale et les ragots que cela allait provoquer- pour qu'elle soit malheureuse. Mais il ne voulait pas non plus qu'elle soit inquiète voire terrée dans la peur dans le manoir qu'ils habitaient. Dilemme cornélien, on en revenait toujours là.

Ils partagèrent un baiser qui ravit Jeremy par sa fougue, sa douceur et sa tendresse mêlés. Cette femme est un ange … ou un démon envoyé pour le tourmenter par sa joliesse et son affection. Les deux facettes d'une même pièce, sans doute. Mais alors qu'il savourait encore le goût de leur baiser, Katelina s'aventura sur un terrain dangereux. Ah, pourquoi fallait-il qu'elle demande tout de suite de tels avantages … Jeremy espérait presque qu'elle se serait contentée de ses excuses. Mais bien sûr, cela ne pouvait pas être le cas avec Kate.
Soupirant, Jeremy retint les mains de son épouse entre les siennes. Il cherchait les mots pour lui faire comprendre quelles concessions il était prêt à accepter, mais aussi le fait qu'il y aurait des choses qui devraient restées ignorées de sa douce épouse. «-Kate … Je ne peux pas te promettre de tout te dire. Tu le sais bien. Ne serait-ce que parce que nous pouvons être entendus. Mais tu sauras l'essentiel. Ou du moins, je m'engage à te dire où je suis et où je vais. Et tu pourras poser les questions que tu souhaites mais je ne répondrais pas à toutes. » Voilà sa proposition. Allait-elle accepter ?

HJ: Pas de soucis ! Pour le lien, je vais aller voir, désolée

On ne peut tout faire par amour...

Katelina & Jeremy

Avant même qu’il ne lui réponde, Katelina vit dans le regard de Jeremy qu’il n’était toujours pas convaincu. Cela se confirma quand il prit ses mains dans les siennes, soupirant comme s’il avait quelque chose de grave à annoncer.

Son mari lui proposa alors un compromis. Elle reconnaissait qu’il faisait déjà un pas, même si c’était loin de ce qu’elle désirait entendre de sa part… Lui poser des questions, elle le faisait déjà. Lui dire qu’elle en avait le droit mais qu’il ne répondrait pas à toutes, ne changeait pas vraiment de la situation actuelle… Elle pourrait très bien essayer de savoir ce qu’il se passait en demandant à d’autres, en menant son enquête par ses propres moyens, mais ce serait un peu comme si elle le trahissait, en tout cas ça lui donnerait la même impression, et elle ne voulait pas, jamais, qu’il se sente trahi par elle. Elle voulait arriver à obtenir ses informations, mais à les obtenir de lui. De sa confiance qui lui aurait pleinement et volontairement accordée.

Pour que Jeremy cesse de rester constamment sur ces gardes et parce qu’elle avait compris qu’il ne servirait à rien de répliquer à ce qu’il venait de dire par une nouvelle demande, Katelina entreprit de s’éloigner doucement du sujet pour mieux y revenir ensuite. Autant se contenter de ce qu’il lui donnait déjà, même si c’était relativement peu, ou même presque rien. Autant faire semblant de s’en contenter et de trouver de meilleurs arguments pour pouvoir lui prouver que la mettre au courant de ses actions était une chose souhaitable. Il fallait être rusée lorsque l’on était femme. Après tout, mieux vallait utiliser la ruse à des fins honnêtes que pour agir secrètement, en cachette de son mari. Elle ne ferait pas ça. Elle lui reprochait d’agir dans son dos, faire la même chose n’arrangerait rien pour eux.

- Bien. J’apprendrais donc à poser les bonnes questions, répondit-elle, sourire au coin des lèvres. Mais si c’est le fait d’être entendu qui te pose problème, et non la confiance que tu places en moi, je pense qu’une bonne solution serait de nous entourer de personnes dignes de confiance. – La jeune lady lâcha doucement les mains de son époux pour aller chercher son corset qu’elle enroula autour d’elle. – Tu pourrais m’aider ? A le nouer, derrière ?, lui demanda-t-elle en revenant vers lui.

Elle poursuivit alors le cours de son idée, qui se fondait parfaitement dans la conversation, adoptant un ton détaché, comme si cela n’était qu’une suggestion parmi tant d’autres, sans grande importance. – Je connais quelqu’un, un ami que j’ai rencontré quand je travaillais pour toi. Il est domestique à la cour. Son travail est dur là bas, et il est misérablement hébergé. C’est quelqu’un de bien, qui ne nous trahirait jamais. Ni pour de l’argent, ni pour des croyances. Il respecte l’avis de chacun et ne se mêle pas du conflit. Tu pourrais peut-être l’engager ? Cela lui rendrait service autant à lui qu’à nous.