Katelina Van Velden

"  "  TON PERSONNAGE PRÉNOM & NOM Katelina Marja Van Velden AGE  17 ans. DATE DE NAISSANCE 5 mars 1536 ORIGINE Flamande SITUATION FAMILIALE Mariée MÉTIER Anciennement serveuse/ servante, devenue Lady. GROUPE Les étrangers. CRÉDITS BloodyWonder LE JOUEUR PSEUDO   Bellatrix AGE   17 OU AS-TU CONNU LE FORUM?   Je suis Mary-Ann Paton   TON AVATAR   Samantha Barks. VOTRE PERSONNAGE EST-IL HISTORIQUE OU FICTIF?   Fictif. VOULEZ-VOUS ÊTRE PARRAINÉ?   Je connais la maison, donc ça va aller :)Mais si j'ai des questions je n'hésiterais pas à vous ennuyer

▬ QUELLE EST VOTRE RELIGION ET QUE PENSEZ-VOUS DES CHANGEMENTS RELIGIEUX DU PAYS? En Flandre, j'étais catholique, comme le sont la plupart des gens là-bas. Pour trouver des adeptes de la réforme, il faut aller plus au nord ou plus à l'est, car la flandre, à la plus grande satisfaction de l'empereur, n'a pas été grandement touchée par les idées de Luther. Pour dire vrai, je ne savais même pas ce que c'était vraiment que le protestantisme avant d'arriver en Angleterre. C'est Jeremy qui m'y a initié et m'a convaincue. Les choses sont ensuite devenue plus compliquée avec l'arrivée de la nouvelle reine sur le trône, elle qui comme l'empereur du Saint-Empire, considère le protestantisme comme une hérésie. Demeurant malgré tout une convertie au protestantisme, je pense que chacun devrait pouvoir pratiquer sa religion en toute liberté et j'éspère que la nouvelle reine saura se montrer plus compréhensive à ce niveau...

▬ QUE PENSEZ-VOUS DE LA NOUVELLE REINE D'ANGLETERRE? Je n'aie pas de raisons de la détester autant que Jeremy le fait. Sa légitimité vis à vis du trône est contestable vu que son demi-frère l'avait écartée de la succession. Mais la question de sa légitimité ne m'importe pas...Le véritable problème à mes yeux est son manque de tolérance vis à vis de la religion protestante. J'ai l'impression qu'elle pense réellement que le protestantisme est un crime aux yeux de Dieu, car elle semble vouloir le meilleur pour son peuple. Il faut dire que beaucoup de gens pensent comme elle, notamment en flandre. Il faudrait qu'elle s'ouvre à cette religion pour pouvoir se faire un avis juste sur le sujet. Mais Jeremy dit qu'elle ne le fera jamais et dès lors, le pire est à craindre.

▬ QUE PENSEZ-VOUS DE JANE GREY? L'héritière légitime du trône selon Jeremy. J'aimerais la voir sur le trône à nouveau, comme Jeremy le veut aussi, car elle est protestante comme nous le sommes et qu'avec elle pour souveraine, nous ne risquerions plus rien. Plus besoin de prendre des risques, de tenter de se battre contre la loi qui nous est imposée. Les temps serait plus sûr. Mais beaucoup la disent déjà perdue et vu l’accueil que le peuple anglais a réservé à la nouvelle reine, et l'amour qu'il semble lui témoigner, je crains qu'ils ne disent vrai. J’espère que la reine Mary l'épargnera. Elle est jeune et n'a rien fait pour mériter de mourir. Que Dieu soit avec elle.

▬ AGISSEZ-VOUS DANS L'OMBRE POUR VOTRE CAUSE OU VOTRE FOI, SI OUI QUE SERIEZ-VOUS PRÊT A FAIRE ? Mon mari étant très investi dans la cause protestante, je ne peux que le soutenir. Je l'ai épousé en connaissance de cause, en sachant pertinemment qu'il ne cesserait jamais de se rebeller contre ce qu'il estime être injuste au nom de la liberté. Je crains pour lui, je préférerais parfois qu'il cesse de prendre des risques parce que je l'aime et que je ne veux pas le perdre, parce que je voudrais une vie tranquille avec lui et les enfants que j’espère avoir de lui. Mais il ne le fera pas, il est ainsi fait et je suivrais son exemple moi aussi, au nom de la liberté, au nom de notre religion. Je le suivrais quoi qu'il arrive, je ferais ce qu'il faut. Pour l'instant, il est plus sage d'agir dans l'ombre, certes. Mais qui sait ce que l'avenir, incertain, nous réserve...

On my own.

J'ai passé toute mon enfance dans un orphelinat du centre de Bruges que j'ai été contrainte de quitter  à l'âge de treize ans. Il avait fallu que je parte, que je m'en aille vivre ma vie, afin qu'un autre enfant plus jeune puisse prendre ma place. Je savais que ce jour arriverait. Je l'avais toujours su. Mais je ne voulais pas partir. J'aurais voulu rester là pour toujours, m'occuper des enfants qu'on abandonnait tristement, être comme une mère pour eux. C'était ce que je voulais vraiment. Mais je ne pouvais pas. Le duc de bourgogne qui avait financé l'ouverture de cet établissement n'allait pas non plus payer pour du personnel inutiles en plus de ce qu'il payait déjà si généreusement. Alors on ne pouvait me garder, même si je travaillais. Je fus contrainte de partir. Bien heureusement pour moi, on m'avait trouvé un endroit où aller. C'était chez un peintre, comme il y en avait tant en Flandre.Il vivait dans une maison assez grande avec sa femme et son premier enfant. Il avait besoin d'une servante. J'étais encore jeune c'est vrai, mais c'était une opportunité qui peut-être ne se représenterait pas. Je ne me posais même pas la question; suis je capable ou non ? Je l'étais. Je savais cuisiner, je savais tenir une maison. Je saurais être une bonne servante pour cette famille bourgeoise. Je saurais gagner ma vie dignement, comme tout le monde, voilà ce que je me disais.

Je suis partie pour rejoindre la demeure de ce peintre, mijnheer Maartens, sa femme Liesje et son fils Willem. J'y ai travaillé un peu moins d'un an.
Au début, je m'y sentais bien. Mais j'étais jeune et naïve, je n'avais pas compris ce qui se tramait quand mijnheer Maartens a commencé à changer d'attitude vis à vis de moi...
Il m'avait demandé de l'appeler mijnheer, par exemple, plutôt que meester. Je l'avais pourtant toujours appelé ainsi depuis la première fois où je l'avais rencontré, et il ne m'avait jamais reprise...J'ai trouvais cela gentil et ne me suis pas méfié qu'il tente de se rapprocher de moi.
Mais c'est devenu de plus en plus étrange...J'ignorais ce qui lui arrivait, mais cela me mettait parfois un peu mal à l'aise. Il avait des gestes peu habituels. Il me faisait des compliments, il me regardait tout le temps, il me touchait dès qu'il le pouvait en me prenant la main, en passant une main dans mes cheveux. Dernièrement, il m'avait même embrassée sur la joue, comme ça sans raison. Je me disais que peut-être, il s'était attaché à moi comme si j'étais de la famille et qu'il me montrait son affection ainsi...
Après tout, je n'avais jamais connu mon père alors je ne pouvais pas savoir comment les pères agissaient.  Il faut dire que je m'étais attachée à la famille que je servais et que l'idée d'en faire partie était magnifique à mes yeux. Je les aimais beaucoup, tous. Willem, Liesje, son épouse, qui me considérait presque comme une amie ainsi que son mari, meester Maartens, que j'admirais pour son art et que je respectais comme il se devait. J'aimais tant l'idée que ces témoignages d'affections soit lié au fait qu'il me considère un peu comme sa fille que je me disais que j'étais stupide de me sentir mal à l'aise pour si peu alors qu'il avait toujours était si bon avec moi et qu'il était impossible de sa part que son attitude, étrange à mes yeux, signifie autre chose.
Et pourtant j'avais tort. C'est seulement ce fameux matin que je l'ai compris. J'étais venue lui apporter de quoi manger dans son atelier. Les choses ont pris une tournure à laquelle je n'étais pas préparée. Il en est venu à s'approcher trop près de moi, à m'embrasser et à glisser sa main sous ma robe. J'ai tenté de me débattre, lui suppliant d'arrêter, mais il n'a pas voulu. Alors je l'ai giflé.  Et il m'a renvoyée.  Je n'avais nulle part où aller, je n'avais pas d'autres famille que celle que j'avais naïvement cru avoir trouvée dans cette maison. L'avenir n'avait jamais été aussi incertain.

On my own, again.

Je n'avais absolument nulle part où aller. Si bien que je dormis des semaines sous les ponts, à l'abri de la pluie fréquente. J'avais fais le tour des commerces du centre ville, cherchant un nouveau travail pour pouvoir gagner mon pain, mais je n'avais récolté que des refus jusque là. Alors je volais, quand j'y arrivais, pour survivre. Une nuit, je finis par me retrouver au port. De braves gens m'avaient donné de l'argent pour pouvoir m'acheter de quoi manger. La soirée était déjà bien avancée et les commerces étaient fermés, mais je mourrais de faim et ne pouvais me résoudre à attendre le lendemain pour manger. J'entrais dans la première taverne que je vis. Il n'y avait que des hommes à l'intérieur, et peu d'entre eux parlaient flamands. Je comprendrais plus tard que l'endroit était en fait le repère par excellence des marins anglais. A leur regard je compris qu'il devait être rare qu'une femme franchisse la porte de cette taverne. Tant pis, j'avais trop faim. Je me présenta au comptoir où je déposais l'argent que l'on m'avait donné, et demandais au propriétaire si je pouvais avoir à manger. Il prit l'argent et m'invita à m'installer près du feu de la cheminée, histoire que je me réchauffe. Je fis comme il avait dit. Il m'apporta du pain et une soupe et me dit que je pouvais rester là jusqu'au lendemain matin, si je le désirais, puisque le temps était si mauvais dehors. Je le remerciais sincèrement. J'étais tellement désemparée par ce qui s'était passé ces derniers jours que je n'attendais même plus ce genre de geste bienveillant. Je terminais rapidement ma soupe et mon pain. La taverne était pleine de monde et il était seul pour les servir tous. Je lui proposais mon aide. Et il accepta. C'est ainsi que je fus engagée comme serveuse à la taverne « The England Shelter » près du port de Bruges. J'avais rencontré mon patron au bon moment puisqu'il était seul pour tout gérer depuis que sa fille avait épousé un bourgeois originaire de Courtrai et que son épouse était décédée. Après tout, une taverne sans serveuse ça attirait moins la clientèle...
C'était quelqu'un d'assez solitaire, et avec lui, la règle était simple : Si je voulais garder ma place, il fallait que je fasse mon travail correctement. Nous discutions souvent et le courant passait bien, mais je restais une servante à ses yeux, rien de plus. C'était probablement mieux ainsi... 


La vie est imprévisible. La mort l'est tout autant. Nous avions fermé la taverne à trois heures du matin la veille, et je n'avais trouvé le sommeil que vers 4 heures. J'étais fatiguée mais il était déjà 8h30 et il fallait impérativement que je me lève si je voulais être à l'heure pour l'ouverture. A neuf heures, mon patron n'était toujours levé. C'était inhabituel, mais peut-être était il fatiguée de la longue soirée de la veille pensais-je, car après tout , il n'était pas tout jeune. Je décidais d'attendre encore un peu. 10 heure. Toujours aucun signe de lui. Je me décidais à aller frapper à la porte de sa chambre. Il ne répondis pas. Je répétais l'action. Toujours rien. Alors je me décidais à entrer, inquiète. Et mon inquiètude se révéla justifiée. Il ne se réveilla jamais.


J'ai passé une semaine dans une auberge du coin en attendant que le beau-fils de mon défunt employeur se déplace de Courtrai et décide de ce qu'il ferait de la taverne. Le fait était qu'il était un bourgeois, qu'il avait déjà assez d'argent et qu'il n'avait aucune envie de venir vivre à Bruges pour gérer une taverne. Il choisit donc de la mettre en vente, mais eu la bonne intention de me permettre d'y résider en attendant qu'il trouve un acheteur. Cela ne tarda pas. Une taverne donnant sur le port, avec une clientèle fidèle, c'était une mine d'or. 

Not on my own anymore, but not even better.

C'était un jeune homme d'une trentaine d'année. Il avait pu se payer cette taverne grâce à l'héritage de son père. Comme j'avais acquis de bonne notion d'anglais, et que c'était un atout non négligeable face à la clientèle qui fréquentait l'endroit, la question ne s'était même pas posée; il me gardait comme serveuse. Il était gentil avec moi, il savait me parler, et je le trouvais séduisant...
Avec lui, mon quotidien était devenu très différent. Il m'invitait à manger à sa table le soir plutôt que de manger seule dans mon coin comme une serveuse le fait. Il discutait avec moi, il semblait s'intéresser à ce que je disais. Moi qui me méfiais tant des hommes, à cause de l'absence de mon père et de l'image que j'avais eu de mijnheer Maartens, j'avais pourtant baissé la garde. J'avais envie d'y croire, j'avais envie qu'il soit sincère, qu'il m'apprécie. Savoir qu'il m'aimait peut-être me poussait à l'aimer en retour. J'étais bien naive. Je n'ai rien vu venir. Il jouait avec moi, ce n'était que ça. Séduire ; c'était le jeu. Et comme une idiote, j'étais tombée dans le panneau. Enfin presque. Il ne m'a pas eu jusqu'au bout.
Un soir il m'a embrassé. Ce n'était pas la première fois. Cela faisait quelques jours qu'il me traitait presque comme sa fiancée. Je le laissais faire, je croyais l'aimer. Je m'étais même plû à m'imaginer vivre le reste de ma vie là, dans cette taverne qui donnait sur le port, de l'épouser et d'élever nos enfants. J'en oubliais presque que je n'étais que sa servante, que je n'étais absolument pas sa fiancée. Et ce soir là, c'est devenu plus intime que d'habitude. Il voulait aller plus loin, moi je n'étais pas prête.  Il m'a dit de lui faire confiance. Je ne pouvais pas, pas jusque là. Même si je croyais l'aimer et qu'à ce moment là, j'avais confiance en lui, je préférais être prudente, je voulais attendre d'être mariée. Je l'ai repoussé. D'abord gentiment, puis comme il insistait, j'ai élevé la voix et je me suis débattue. Je l'ai laissé là, et je suis partie m'enfermer dans la petite pièce qui me servait de chambre, sur le côté gauche de la taverne, et je suis restée là. Je l'entendais s'énerver...C'était la première fois qu'il était comme ça devant moi. Ou alors je ne l'avais jamais remarqué. Mais quelque chose avait changé. Le scénario que j'avais connu avec mon premier employeur s'était répeté. Je suis descendue le lendemain, et j'ai fais comme si de rien n'était car je tenais à mon emploi. Lui en revanche, ne prenait pas la peine d'ignorer la scène de la veille. A partir du moment où j'ai refusé de m'offrir pleinement à lui, tout a changé. Il est devenu violent et froid. Je n'étais même plus Katelina la serveuse , j'étais moins que ça. Il ne prononçait d'ailleurs plus mon prénom. Je devais répondre au nom de dienstmeisje, sa servante. Je l'évitais. Je sortais de ma chambre pile à l'heure d'ouverture de la taverne. Je rangeais le plus possible avant la fermeture. Je ne mangeais jamais avec lui. Je lui adressais le moins possible la parole. Mais ça ne suffisait pas. Je savais que s'il ne me renvoyait pas c'était uniquement parce qu'il avait besoin de moi, moi qui connaissait un peu l'anglais, alors que lui, ne parlait que le flamand.Sans moi, il perdrait la moitié de ses clients. Mais mon refus de lui donner ce qu'il voulait, il ne l'avait toujours pas digéré, et moi, je ne le supportais plus. Si je restais c'était parce que je n'avais nulle part d'autre où aller. Cela devenait pourtant intenable. Obéir à un homme qui m'avait blessé, que je désirais juste oublier, et qui en plus ne faisait que me rabaisser à longueur de journée pour le lendemain, faire à nouveau comme si de rien n'était et tenter presque, de me récupérer... C'était une atmosphère intenable, je me sentais manipulée, perdue. Parfois il me semblait qu'il redevenait comme avant, l'ombre d'un instant, mais d'autre fois il était arrivé qu'il me frappe, surtout quand il m'insultait et que je ne pouvais m'empêcher de lui répondre, ou quand il était saoul. Je ne me laissais pas faire, je me débattais comme je pouvais, je menaçais de partir... Mais je n'osais pas. Même si je trouvais un travail, je n'avais nul part où dormir. Et les nuits à Bruges étaient froides même en été. J'aurais peut-être de quoi payer une chambre dans une auberge durant un moment, mais ensuite ?
Un jour cependant, s'en fut trop. Il avait encore levé la main sur moi, et cette fois quand je lui ai crié que je m'en allais, c'était la vérité. « Ah bon ? Et où tu vas aller hein ?! Dans un bordel ?! Là est ta place,tu as bien raison ! » Je ne répondis pas. Je n'en pouvais plus, j'étais décidée à partir. Tout serait mieux que ce que je vivais là. J'ai rangé le peu d'affaires personnelles que j'avais dans un sac et j'ai ouvert la boite où je rangeais les pourboires que je gagnais, où je rangeais mes économies. Il avait prévu le coup. Elle était vide.


- Vous ne pouvez pas me faire ça ! C'est mon argent ! Je vais appeller le hooftman si vous ne me le rendez pas ! 
Je détestais le vouvoyer. C'était une marque de respect qu'il ne méritait pas de ma part. Mais je voulais récupérer ce qu'il m'avait volé. Ce n'était pas me mettant à le tutoyer que j'arriverais à mes fins.
- Appelle le donc !, dit il en riant d'un air méchant avant de vider sa deuxième bouteille de la journée. Tu as des preuves ? Non ! Tu n'es rien, Katelina. Tu n'as pas d'argent, tu n'as pas de famille. C'est ta parole contre la mienne.
- Je lui montrerais les marques que vous m'avez laissé ! 
- Et ensuite ? Admettons qu'il te croie...Tu n'es qu'une pauvre fille abandonnée de tous. Personne ne s'intéresse à toi. Et si il viendrait à vouloir prendre ta défense, je  n'aurais qu'à payer son silence. J'ai de l'argent. J'ai même ton argent ! Toi, tu n'as rien.
Je soupirais. Je voulais partir. J'aurais du partir plus tot. Il fallait que je récupère ce qui m'appartenait, sans quoi je me retrouverais à la rue et j'aurais peu de chances de m'en sortir.
- S'il vous plait...
Tant pis, je m'abaissais à le supplier. Ca ne servait à rien, au fond je le savais, mais...Si je partais, je ne le verrais plus de toute façon, alors autant essayer.
Il eut un rire moqueur et quitta la pièce, sans me répondre.




« Katelina !- il fait l'effort de m'appeller ainsi devant les clients.-Hier onmiddelijk ! »
Je me rendais à la table indiquée par Nikolaas. Il avait ramené une jeune femme, qu'il courtisait devant moi. Je n'étais pas jalouse, si c'est ce qu'il cherchait en l'embrassant devant moi. Je ne rêvais plus de passer ma vie avec lui ou de l'épouser. Je rêvais de partir, loin de lui. Cependant,  je semblais être condamnée à vivre avec lui encore un moment, alors parfois je regrettais les jours où il était bon avec moi et où j'étais heureuse d'être en sa compagnie...
Décidée à partir, j'avais cependant essayé de récupérer la somme d'argent qu'il m'avait dérobée, et pourquoi pas plus. Quand l'occasion s'était présentée, je l'avais saisie. Mais il m'avait prise sur le fait. Il m'avait frappée plus fort qu'il ne l'avait jamais fait. J'en gardais encore des marques très visible sur les bras. Des bleus, mais aussi les traces de la boucle de sa ceinture avec laquelle il m'avait battue.

Je me dirigeais vers la table que Nikolaas m'avait indiquée car il s'y trouvait un client que je n'avais pas vu arriver. Je lui demande poliment ce qu'il souhaite boire et il me commande une bière que je ne tarde pas à venir lui apporter.
- Votre mari ?, me demande-t-il en désignant du regard les marques sur mes bras.

- Pardon ? Ah, non, non ! C'est Nikolaas, le gérant..., répondis-je.

- Un homme violent, ce Nikolaas ?, me demande-t-il.

- Il ne veut pas que je parte, alors il me retient comme il peut.

- Par la force, conclut-il.

- Oui, dis je simplement, lui adressant un léger sourire comme pour banaliser la chose car j'en avais déjà trop dit et si Nikolaas entendait, il me ferait payer mon erreur. Je repartis ensuite avec mon plateau vers le comptoir, souriante. Mon sourire s'effaça immédiatement à la vue de Nikolaas. Bien qu'il n'aie point entendu notre conversation, il avait aperçu mon sourire, il m'avait vu parler avec ce client et cela suffisait à lui donner cet air méchant, ce regard plein de mépris envers ma personne, comme si j'étais une femme sans vergogne, une catin. Un peu comme celle qu'il avait ramené ce soir et qui se pavanait sur ses genoux comme si elle était par sa simple présence dans cette taverne, devenue  duchesse de Bourgogne.

- Vous voulez partir d'ici ?, demanda l'homme quand je revins à nouveau vers lui, une bonne vingtaine de minutes plus tard, pour débarasser sa choppe vide et éventuellement le resservir. Il ne m'avait observé pendant que je travaillais, d'un air pensif.

- Oui...Pourquoi cette question ? m'étonnais je, ne comprenant pas où il voulait en venir.

- Qu'est ce qui vous retiens ? Des bateaux quittent cette ville tout les jours. Vers l'Angleterre, vers l'Italie, vers l'Espagne...Vous avez la chance de vivre près du port. Si vous voulez partir, partez. C'est aussi simple que cela.

L'était ce vraiment ?

Nevermore on my own.

Les vents ont été favorables et le voyage n'avait duré qu'une journée. J'étais restée cachée dans la soutte pour éviter les ennuis, et j'avais bu ce que j'avais trouvé, c'est à dire de l'alcool, ce qui me donnait un horrible mal de tête tant je n'y étais pas habituée. Je portais les vêtements de Nikolaas, par dessus ma robe, ceux qu'ils m'avaient ordonné, la veille, de nettoyer. Je m'étais dis que si je venais à être repérée, il valait mieux qu'on me prenne pour un homme. Je m'étais donc habillée en conséquence. Et puis, les vêtements de Nikolaas, en particulier son vieux manteau me tiendrait bien plus chaud que ma robe légère et abimée en de nombreux endroits.A peine avais je embarqué que je m'étais demandé quelle folie m'avait poussé à quitter Bruges sans aucun plan, sans aucune idée de ce qui m'arriverait dans ce pays totalement inconnu qu'était l'Angleterre.
On m'avait seulement repéré en arrivant au port et maintenant que le bateau était amarré, deux marins me tenait fermement pour m'empêcher de m'enfuir alors qu'ils marchaient en direction d'un jeune homme aux cheveux bouclés.

- Lord Wyckham ! We find him in the hold. 'Travelled without paying.

Je ne comprenais pas que certains mots de ce que les marins disaient. « without paying », sans payer. Le reste, je ne comprenais pas. Et depuis qu'ils m'avaient trouvé j'avais d'ailleurs préféré feindre ne comprendre absolument aucun mot d'anglais pour ne pas avoir à m'expliquer.

- That's alright, leave him.- A ces mots, les marins me lâchent.- Who are you ?, me demande-t-il ensuite.

- He doesn't speak english, sir, précise un marin.
- Alright, dit encore le beau jeune homme. Il me regarde en détail et j'ai l'impression que son regard peut voir jusqu'au plus profond de mon âme. Wie ben je ?, demande t il ensuite.
- Ik ben...
Ma voix me trahit. Je n'ai pas une voix assez grave pour me faire passer pour un homme. Je sais qu'il le sait. Et en effet, il retire mon chapeau, laissant apparaître mes longs cheveux.
- Une femme à ce que je vois...- me dit il toujours en néerlendais.-
- Je vais payer, je vous promet ! Je n'ai juste pas d'argent pour le moment, parce que je n'ai pas de travail mais je comptais en trouver un ici et...
- Qu'est ce que tu sais faire ?
- Quoi ?...Tout, monsieur.
- Bien...J'ai du travail pour toi chez moi, comme domestique...
- Oh, merci monsieur, c'est parfait !
Pour la première fois depuis qu'il me parle, il m'adresse un sourire.
- Graag gedaan.



Depuis que mon arrivée à Londres en février, j'avais toujours travaillé chez Lord Wyckham, comme domestique. Au départ, il m'avait engagé uniquement pour que je puisse rembourser ce que je lui devais du voyage  mais finalement, comme il était content de mon travail, il m'a gardé. Mon anglais s'était amélioré et je m'étais fais des amis en ville. Je m'étais faite une place à Londres, bien que Bruges me manquait parfois. Jeremy et moi étions devenus très proche. Il m'avait même appris certaines choses, comme ce qu'était le protestantisme, sa religion, à l'époque tolérée en Angleterre. Il y avait quelque chose de spécial entre nous...Je n'avais pas l'impression d'être une simple servante à ses yeux et je savais qu'il ne me voulait aucun mal, pas comme Nikolaas autrefois. Il était proche de moi et j'étais proche de lui. En fait, je l'aimais énormément, comme je n'avais jamais aimé personne auparavant. Mais je savais qu'il n'était pas pour moi. Il était noble et moi j'étais une femme du peuple, étrangère en plus, alors j'essayais de m'interdire de rêver d'un avenir avec lui mais ce n'était pas si simple...Surtout que je ne pensais qu'à lui, de jour comme de nuit. Plus les jours passaient, plus je l'aimais. Et lui aussi. Au départ, je pensais me faire des idées, prendre mes rêves pour des réalités...Mais il avait tout l'air de m'aimer lui aussi. J'étais heureuse en sa présence et avoir l'impression d'être aimée par lui était la plus belle chose que je n'avais jamais connue. Le problème était que nous n'étions pas du même monde... J'étais une servante. Je devais arrêter de rêver d'un avenir avec lui...Il épouserait une femme de son rang, et moi je ne pourrais rien être d'autre que sa maîtresse pendant un temps et puis...Il se lasserait de moi, sans doute...


Je lui ai demandé ce qui se passait. Il avait reçu une lettre qui lui ordonnait de se rendre à Whitehall pour jurer fidelité à la nouvelle reine et s'excuser pour ses actions de soutiens envers la précédente souveraine. Il ne voulait pas. Il clamait qu'il ne le ferait pas, jamais, qu'il ne s'agenouillerait jamais devant cette femme. Il risquait la prison si il ne le faisait pas et peut-être même la mort, pour cause de trahison...Il disait qu'il allait aller à Whitehall, pour lui dire en face, à la reine, ce qu'il pensait d'elle. Pour lui dire en face, qu'il ne lui prêterait jamais allégeance. Je l'ai supplié de ne pas le faire. Je lui ai dis que si il ne voulait pas lui jurer fidelité, il n'avait qu'à partir en Flandre et que je lui écrirais pour le tenir au courant de la situation. Je préférais le voir loin de moi et en sécurité que de le voir mourir. Il m'a répondu que jamais il ne fuirait. Qu'il était anglais et qu'il resterait en Angleterre. J'ai fini par réussir à la raisonner. Je lui ai dis qu'aller dire ça, c'était signer son arrêt de mort,  il m'interrompait pour me dire qu'il ne craignait pas la mort mais je poursuivais en disant que mort, il ne pourrait plus rien faire pour son pays, qu'il ne pourrait plus se battre contre ce qu'il estimait être injuste. Je lui ai dit que si il mourrait maintenant, il mourrait en vain et pour rien. Je lui ai dis que je l'aimais, et que je ne pourrais supporter de le perdre ainsi...
Deux jours plus tard, Jeremy se rendait à Whitehall pour s'excuser auprès de la reine...


Les portes s'ouvrent et un héraut nous annonce.
« Lord Wyckham et son épouse, Lady Katelina. »
Jeremy avance d'un pas assuré mais moi pas. Je sens les regards peser sur moi. Je sens que les critiques vont fuser. J'ai peur de l'avenir. Je sais à quel point Jeremy déteste jouer ce double-jeu, je sais à quel point il prend des risques et combien les conséquences pourraient s'avérer coûteuse, je sais qu'il sera difficile de me faire accepter à la cour, je sais tout cela. Oui, l'avenir m'effraie, je ne peux le nier, mais je suis prête à l'affronter tant que j'aurais Jeremy à mes côtés. Tant que Dieu le protégera, nous protégera.